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Violences sexuelles aux femmes : la loi doit être plus sévère

L’Ambassade de France, ONU femmes et la CNDH-CI ont organisé un débat sur le thème : « quelle prise en charge des victimes de violences sexuelles ? ». Ce 29 juin 2017 à l’institut français d’Abidjan, les différents participants ont plaidé pour une pleine application de la loi.

Obliger une personne à subir, à accomplir ou à être confrontée à des actes d’ordre sexuel contre son gré est considéré comme un acte de violence sexuelle. De nombreuses personnes dont majoritairement des femmes ont déjà vécu cette situation à l’image de Dagnogo Salimata mariée en 1984 alors qu’elle n’avait que 13 ans. Son époux, un homme de 60 ans, la violentait avant d’abuser d’elle dans le foyer.

L’indignation, la culpabilité, le rejet, les meurtrissures physiques et morales, Dagnogo Salimata les a vécus comme d’ailleurs cette adolescente de 12 ans reçu le jour même en consultation par le docteur Faye l’un des panélistes. Cette gamine se faisait abuser par l’un des voisins de quartier et n’avait pas le courage d’en parler. Dans les deux cas d’exemple, l’acte sexuel se faisait sans leur accord.

Les causes et les situations qui favorisent les violences sexuelles sont multiples. Penchons-nous sur les situations de viol. Que celles-ci partent d’une situation de guerre, d’un braquage à un parent proche ou un ami de classe qui commet l’acte le résultat est pareil. Selon le docteur Cacou psychologue « ces femmes souffrent dans leur chair et d’autres ont du mal à en sortir parce qu’en plus du fait qu’on doute du viol lorsqu’elles en parlent, elles sont le plus souvent confrontées à leur bourreau dans la vie quotidienne ».

Si Salimata Dagnogo – aujourd’hui commerçante – a réussi à rassembler à travers son ONG 2000 femmes dont certaines ont été victimes de viol, c’est bien pour créer un cadre d’écoute mutuel et d’entraide. Elle partage certes son expérience avec les autres mais Salimata Dagnogo veut également les femmes de son ONG à retrouver une autonomie financièrement. La petite fille de 13 ans, hier victime de violence sexuelle, veut aujourd’hui à travers son « histoire les aider à surmonter leurs difficultés ».

Au-delà de l’action de son ONG et celle de plusieurs autres entités, elle estime que l’Etat doit prendre ce problème à bras le corps et agir sévèrement. Avis soutenus par tous les participants.

Pour Mme Zebeyoux Aimée présidente de l’AFJCI (Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire) la loi doit être plus sévère car « plusieurs auteurs de viols sont libérés quelques temps après leur arrestation et vont jusqu’à narguer leur victimes ». Elle propose donc pour un premier temps d’augmenter la peine liée à ce crime qui est de 5 an 20 ans en ce moment. « La loi ne protège pas assez les survivantes » s’indigne la présidente de l’AFJCI.

Madame Kourouma, directrice des affaires civiles et pénales, reconnait que le législateur a été assez pudique lors de la rédaction de la loi sur les mœurs de 1981 en ne faisant aucune précision par rapport au cas de viol, « ce qui peut être dans l’intérêt ou non de la victime ». Cependant elle fait cas d’une circulaire émise par le ministère de la justice qui pourrait être considérée comme une avancée qui permet désormais la recevabilité de la plainte pour le viol sans certificat médical ; ce qui n’était pas faisable auparavant.

Madame Mensah, juriste, propose que l’on pousse la réflexion un peu plus loin pour mettre en place un protocole spécial pour les cas de viol. « C’est une infraction qui est particulière » précise-telle. Elle recommande donc la formation des acteurs qui interviennent après un viol parce qu’il est nécessaire qu’ils aient une attitude spécialisée.

Quant au lieutenant, Berthe représentant des forces armée de Côte d’Ivoire qui vient d’être retiré sur la liste des violences liées au conflits d’où elles ont fait leur apparition après le constat de 478 cas de viol à la fin de la crise post-électorale ; il affirme que « nous ne sommes pas au-dessus de la loi, nous sommes là pour protéger la loi » tout en indiquant que depuis 2014 tout est mis en œuvre pour que les éléments de l’armée auteurs de viol subissent la rigueur de la loi.

Raïssa Yao

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