Le nouveau code électoral adopté lundi par l’Assemblée nationale du Burkina Faso risque d’exclure du processus électoral une frange non négligeable de burkinabé de l’extérieur. Le texte est déjà contesté par l’opposition qui parle d’un recul démocratique.
Le texte a été adopté grâce à un vote massif des députés de la majorité. Le nouveau code électoral indique que seuls la carte nationale d’identité et le passeport seront reconnus et autorisés pour les opérations d’inscription sur les listes électorales et lors du vote. Cette disposition exclut automatiquement l’usage de la carte consulaire pour les Burkinabès de l’étranger dans tout le processus électoral.
Les députés de l’opposition ont claqué la porte de l’hémicycle au moment du vote pour montrer leur refus de cautionner l’exclusion de millions de Burkinabè à l’élection (présidentielle) de 2020.
Selon l’opposition, la majorité des Burkinabès vivant à l’étranger ne disposent que d’une carte consulaire, alors que leurs cartes nationales d’identité ou passeport, quand ils en ont, sont généralement périmés. La décision de se passer de la carte consulaire dans le processus électoral est décriée par l’opposition comme une volonté d’exclure certains Burkinabés et un recul démocratique par rapport à l’ancien code électoral qui permettait l’usage de la carte consulaire.
« Le projet de loi est de nature à réduire de façon draconienne la participation effective des Burkinabés de l’étranger à la prochaine élection » a expliqué le porte-parole des groupes parlementaires de l’opposition Nicolas Dah.
Quelque 11 millions de Burkinabè vivent hors de leur pays, selon le ministère des Affaires étrangères, tandis que 16 millions de Burkinabè vivent au Burkina. Autant dire qu’il s’agit d’une proportion de votants non négligeable capable de décider du prochain locataire du palais de Kosyam.
La majorité au pouvoir ne partage pas le point de vue de l’opposition sur le texte de loi. « Il n’est pas question d’exclure des personnes pour des raisons politiques mais de s’assurer de la nationalité des électeurs » a déclaré le ministre de la ministre de l’administration territoriale Siméon Sawadogo non sans prendre le soin de préciser que la carte consulaire est un document d’identification et non d’identité et pose donc un problème de fiabilité.
Le vote des Burkinabés de l’extérieur était un argument de campagne du président Roch Marc Christian Kaboré lors de sa campagne qui l’a portée au pouvoir en 2015. Il avait promis de mettre en place le vote des Burkinabè de l’étranger, en gestation sous forme d’un texte de loi depuis 2009.
Ebony T. Christian
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