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31 milliards pour faire baisser la fièvre anti-française : 4 raisons de se méfier de cette information

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Une publication effectuée sur ce compte facebook indique notamment que des activistes africains aurait reçu 15 millions chacun à l’issue d’une réunion dans le but de « faire baisser la fièvre anti-française en Afrique de l’Ouest ». Après vérification, cette information comporte des lacunes qui mettent en question sa fiabilité. Explication !

Dans cette publication, l’internaute affirme ceci : « URGENT ! Révélations : 31 Milliards de FCFA pour faire baisser la fièvre anti-française en Afrique de l’Ouest. » C’est le titre d’une longue publication dans laquelle il affirme notamment que « c’est en fin mars que l’accord a été passé à Abidjan. L’objectif est de faire en sorte que les sentiments anti-français généralisés en Afrique de l’Ouest et sur les réseaux sociaux se calment. La rencontre n’a pas été médiatisée et les travaux ont pris 4 jours. Ils étaient des activistes de renommée, des hommes politiques, des journalistes, des étudiants et des responsables d’OSC [organisations de la société civile, ndlr] venus du Burkina Faso, du Niger, du Sénégal, du Mali, de la Guinée Conakry et du Tchad. Il y a eu d’autres nationalités africaines que nous n’avons pas pu identifier. »

En espace de 24h, le post Facebook a généré plus de 50 commentaires et près de 50 partages. La publication est reprise par les pages Facebook burkinabè notamment par Info journaux, une page de près de 100 000 abonnés. Sur cette page, la publication atteint en moins de 24h, plus de 350 partages, autant de commentaires et plus de 500 likes.

Et 99% des commentaires vont dans le sens de l’auteur de la publication. Certains commentateurs pensent déjà avoir découvert ce qu’est raconté par l’auteur dans l’attitude de certains activistes comme on peut le lire sur la capture ci-dessus.

Pourtant, en se posant quelques questions simples, on se rend compte très vite des limites de ce récit.

  1. La Date de la tenue de la réunion est inconnue

Dans la publication, l’internaute situe la réunion à « en fin mars ». Ce qui ne constitue pas une date précise. Pour un récit où l’auteur parait si bien informé, la question de la date doit être une affaire assez simple pour lui d’autant plus qu’en aucun moment, l’auteur parle de propos rapportés. Mais, il reste approximatif sur cet élément.

  1. Le lieu de la tenue des 4 jours de réunion est inconnue

En plus de l’approximation sur la date, l’auteur n’indique aucun lieu précis. Il se contente de dire, Abidjan, une métropole de plus de 6 millions d’habitants et qui compose 13 communes. L’auteur aurait pu mieux faire pour permettre que l’on puisse vérifier l’intégrité de ce son récit. Encore une approximation.

  1. Les participants ne sont pas connus, même pas un seul n’est identifié

Dans la même logique approximative, aucun nom de participants n’est mentionné. Même pas un seul participant n’est identifié. Ni de personne physique ni d’organisation. Pourtant, l’auteur indique notamment qu’« ils étaient des activistes de renommée, des hommes politiques, des journalistes, des étudiants et des responsables d’OSC venus du Burkina Faso, du Niger, du Sénégal, du Mali, de la Guinée Conakry et du Tchad ». Cette généralité est assez commode. Et la généralisation fait que cela peut coller à tout et n’importe quoi. Une approximation de plus.

  1. Il n’y a aucun élément dans la publication qui permet à chacun de vérifier par lui-même

Pour une information de ce type, il important d’avoir des éléments de preuve A défaut, il est indispensable d’avoir des éléments qui permettent au lecteur de pouvoir aller à la recherche des preuves lui-même et vérifier les faits.

Comme l’on peut le voir, il n’y a aucun élément sur lequel repose cette information. Et même s’il n’y a pas de preuve, certains internautes y accorde du crédit. Car, l’auteur de la publication a mis en avant dans son récit des éléments suffisamment larges et reconnaissables pour que d’autres internautes puissent faire une déduction par eux-mêmes.

Et comme il s’agit de généralités, il y a plus de chance que chacun retrouve quelque chose qui se rapproche de près ou de loin à ce qui est dit dans la publication. Il suffit de regarder les commentaires pour voir à quel point le procédé marche. Alors même que la publication ne mentionne aucun nom, quasiment tous les commentaires disent avoir identifié pourquoi il y a subitement des changements de posture chez des activistes qu’ils ou elles trouvaient jusque-là crédibles.

Ainsi, la charge revient à tous les « activistes ou OSCs » qui seraient accusés par les internautes, de prouver que ce qui est dit dans cette publication n’est pas avéré.  Alors que la personne qui le dit n’appui son propos sur aucune preuve, ni même le début du commencement d’une preuve. Et cela à un nom : c’est l’inversion de la charge de la preuve. C’est le tour de force que réussit ce genre de publication.

Grâce à cette vérification, vous avez au moins quatre raisons de vous méfiez de ce genre d’information où tout est exposé de façon approximative et surtout avec aucun élément qui vous permettrait de faire votre propre vérification afin de vous faire votre propre opinion.

Traoré Bakary

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