Les problèmes financiers, les défis techniques et ceux liés à moyens de transport ne sont pas les seuls obstacles au déploiement des vaccins contre la Covid-19 en Afrique. La rumeur, les hésitations et la désinformation sont aussi des freins à l’acceptation du vaccin par les populations.
Le débat sur la vaccination contre la Covid-19 occupe les conversations dans de nombreux lieux publics en Côte d’Ivoire ; que ce soit au niveau d’internet, des espaces de restauration, des gares routières ou des centres de formation. Au cœur de ces échanges dont certains sont dépourvus de tout fondement scientifique, l’assertion selon laquelle « les africains ont été et continuent d’être les cobayes des firmes pharmaceutiques » qui produisent les vaccins contre la Covid-19. Dans un contexte national encore marqué par une faiblesse d’éducation aux nouveaux médias, les informations relayées par les sites conspirationnistes trouvent preneurs et surtout relayeurs au sein de la population ivoirienne.
La rumeur basée sur la désinformation en ligne est devenue parole d’évangile. « Les vaccins utilisés en Afrique sont différents de ceux produits en Europe », « depuis qu’on nous vaccine les cas augmentent », « rien ne prouve que les vaccins administrés aux membres du gouvernement soient contre la Covid-19 » ou encore « il s’agit de nouveaux vaccins testés sur les africains sans aucune études » sont autant de rumeurs qui circulent chaque jour. Ces informations infondées ont fini par pousser de nombreuses personnes à avoir une peur bleue du vaccin.
« Même si le vaccin devenait gratuit, je ne vais jamais l’accepter. Il y a trop de choses qui se disent sur ces vaccins. Les ‘gens’ parlent d’autres maladies qui apparaissent : franchement ça fait peur » nous indique Richard A. K. machiniste dans l’agro-alimentaire. « La maladie va finir comme c’est arrivée donc pourquoi je vais courir pour me faire vacciner avec un vaccin qui n’est pas sûr ? Moi je n’ai pas confiance parce que cette affaire de coronavirus n’existe même pas : tout ça c’est politique » avance Sophie K. auxiliaire en pharmacie.
Une panique infondée
A ce niveau du déploiement des vaccins contre la Covid-19 peut-on encore parler de cobayes ? Pas si sûr dans la mesure où les différentes étapes qui entre en ligne de compte dans la conception des vaccins ont été respectées d’où le OK de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour le déploiement des vaccins. Contrairement aux idées reçues, les vaccins ne sont pas sortis des éprouvettes pour atterrir directement dans des seringues à Abidjan ! Plusieurs tests dans leurs productions ont dûment été passés avec succès avant même d’envisager leur commercialisation. Voici le cycle de développement que les vaccins contre la Covid-19 ont tous suivi, du laboratoire au centre de vaccination.
LES TESTS PRÉCLINIQUES : Les scientifiques testent le nouveau vaccin sur des cellules, puis l’administrent à des animaux tels que des souris ou des singes pour voir s’il produit une réponse immunitaire.
ESSAIS DE SÉCURITÉ DE PHASE 1 : Les scientifiques administrent le vaccin à un petit nombre de personnes pour tester l’innocuité et le dosage, ainsi que pour confirmer qu’il stimule le système immunitaire chez l’homme.
ESSAIS ÉLARGIS DE PHASE 2 : Les scientifiques administrent le vaccin à des centaines de personnes réparties en groupes, comme les enfants et les personnes âgées, pour voir si le vaccin agit différemment chez eux. Ces essais permettent de vérifier davantage l’innocuité du vaccin.
ESSAIS D’EFFICACITÉ DE PHASE 3 : Les scientifiques administrent le vaccin à des milliers de personnes et attendent de voir combien d’entre elles seront infectées par la maladie ou pas, par rapport aux volontaires ayant reçu un placebo. Ces essais permettent de déterminer si le vaccin protège contre le coronavirus, en mesurant ce que l’on appelle le taux d’efficacité. Les essais de phase 3 sont également suffisamment importants pour mettre en évidence des effets secondaires relativement rares.
APPROBATION PRÉCOCE OU LIMITÉE : De nombreux pays ont mis en place des procédures d’autorisation d’urgence pour les vaccins, sur la base de preuves préliminaires de leur sécurité et de leur efficacité.
APPROBATION : Les organismes de réglementation pays ou régionaux examinent les résultats complets des essais et les procédés et processus de fabrication du vaccin, et décident de l’approuver ou non.
PHASES COMBINÉES : Une façon d’accélérer le développement d’un vaccin est de combiner les phases. Par exemple, certains vaccins en sont maintenant à la phase 1/2 des essais, ce qui est considéré comme une phase 1 et une phase 2 par le système de suivi.
PAUSES ou ABANDON : Si les investigateurs observent des symptômes inquiétants chez les volontaires, ils peuvent interrompre les essais. Après une enquête, l’essai peut reprendre ou être abandonné.
Les ivoiriens doivent se rassurer que si le vaccin AstraZeneca a été autorisé, c’est bien parce qu’il a subi les tests nécessaires indiquant qu’il peut être administré aux hommes. La question des effets secondaires n’est en rien un indicateur figé en ce qui concerne l’efficacité d’un vaccin. A ce sujet, parcourez la notice du médicament que vous avez à portée de main. Les effets secondaires égrainés et qui vous surprennent par moment pour un mal que vous qualifiez de banal ne vous empêcheront sans doute pas de le prendre vu que votre santé en dépend !
Suy Kahofi avec le soutien de l’OIF, Mécanisme de lutte contre l’infox