L'actualité ivoirienne sans coloration politique

Alassane Ouattara et son possible 3ème mandat

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Alors que la guerre de succession fait rage au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Alassane Ouattara, le président ivoirien a remis le couvert en ce qui concerne son avenir politique à la tête de la Côte d’Ivoire.

C’est la première fois depuis l’adoption par referendum le 30 Octobre 2016 de la nouvelle Constitution ivoirienne, qu’Alassane Ouattara se prononce sur sa volonté ou non de rester à la tête de la Côte d’Ivoire. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique, Alassane Ouattara n’écarte pas la possibilité de ‘s’offrir’ un troisième quinquennat.

« La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes », a déclaré le président ivoirien.

La sortie du président ivoirien est largement commentée sur les médias sociaux, certains ivoiriens craignant une nouvelle ère d’instabilité politique au cas où Alassane Ouattara, dont le deuxième mandat s’achève en 2020 se déclare candidat. Pour le journaliste et écrivain ivoirien Bouanzi Taki il n’y a « rien d’étonnant » dans la déclaration du président ivoirien.

Le projet politique d’Alassane Ouattara se matérialise

« Pourquoi crier aux loups alors qu’on lui a nous-même donné les moyens de se présenter en modifiant sinon changeant les articles fondamentaux de la Constitution. Son ambition est légale » avance l’homme de lettre. Quant à la légitimité de l’ambition du président ivoirien, Bouanzi Taki estime que c’est au peuple et aux ivoiriens d’en juger car « se présenter à une élection ne signifie pas qu’on l’a déjà remporté ».

Alassane Ouattara semble vouloir faire mentir deux de ses proches qui ont ouvertement écarté la possibilité pour le chef de l’Etat de se maintenir au pouvoir. Cissé Bacongo, ex-ministre et membre du comité d’expert chargé de l’élaboration de la nouvelle constitution a indiqué le 20 août 2016 au siège du RDR que « le Président Ouattara n’est pas intéressé par un 3ème mandat ».

Juste après lui (le 28 août 2016), Mamadou Touré, alors conseiller en charge de la Jeunesse et des sports du président ivoirien a affirmé que « le président Alassane Ouattara n’est pas Laurent Gbagbo qui dit quelque chose et pense autre chose. Sa conception de la politique n’est pas l’art de la roublardise (…) Il a dit qu’il ne fera pas un 3ème mandat et il ne fera pas un 3ème mandat ».

Ce revirement du Chef de l’Etat ivoirien qui laisse ses proches sans voix fait dire à Alain Ahimou qu’Alassane Ouattara est dans une logique de briguer un troisième mandat.

« Nous sommes convaincus qu’il le fera parce que la logique veut qu’à quelques mois de 2020, un président sortant prépare déjà celui qui va lui succéder et le mette en avant. En déclarant qu’en 2020, il prendra sa décision, Ouattara confirme ce que nous avons toujours su depuis qu’il fait voter la dernière Constitution taillée sur mesure » avance l’initiateur du mouvement citoyen CODE91 sur la liberté des médias publics.

Alassane Ouattara/RHDP : “tout le monde pourra être candidat”

Bien avant ses proches, Alassane Ouattara a lui-même affirmé le 5 janvier 2017 qu’il entendait rendre le tablier après son service de 10 ans à la tête du pays.

« A l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les Institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020 ».

Sans toutefois polémiquer sur cette annonce, l’écrivain Lebel N’goran replace les propos d’Alassane Ouattara dans le temps utilisé pour une meilleure compréhension des choses.

« Il dit qu’il pourrait s’il le veut donc il n’est pas encore candidat » affirme l’auteur de République des médiocres. Quant à ceux qui craignent des violences au cas où Ouattara serait candidat, Lebel N’goran tient à préciser que 2020 « ne sera pas une année d’élection » car « de toute façon le schéma va privilégier la violence. Celui qui a les armes aura le pouvoir ».

Alassane Ouattara veut un gouvernement RHDP

La réaction de l’opposition ivoirienne ne s’est pas faite attendre. Pour Pascal Affi N’guessan, le président du Front Populaire Ivoirien, « c’est une position qui n’est pas intellectuellement et politiquement correcte, acceptable ».

« Monsieur Ouattara a fait deux mandats, je ne comprends pas comment il peut imaginer un troisième ou un quatrième mandat. Ce serait même une violation flagrante de la Constitution et de la volonté exprimée par les Ivoiriens à travers la Constitution ».

Le chef de l’opposition (selon la nouvelle Constitution) estime qu’on « ne peut pas dire que l’application de la loi dépend des circonstances, des situations ou des ambitions des uns et des autres ». « La loi, c’est la loi. Et il n’est pas le seul Ivoirien capable de maintenir la paix et la stabilité du pays » a-t-il martelé.

Alassane Ouattara à travers sa sortie veut-il calmer les ardeurs des jeunes politiciens et autres potentiels successeurs de sa coalition ? Un autre schéma que certains militants du Rassemblement des républicains n’écartent pas.

Ebony T. Christian

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