L'actualité ivoirienne sans coloration politique

Alassane Ouattara se moque des fonctionnaires

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C’est décidé, les fonctionnaires de Côte d’Ivoire reconduisent et maintiennent leur mouvement de grève du lundi 23 au vendredi 27 janvier 2017. Malgré la volonté affichée par les syndicats de trouver une issue favorable à la crise qui secoue le front social, le Gouvernement a une fois de plus décidé d’ignorer les fonctionnaires mécontents.

Dans un appel à la limite du ridicule et du burlesque, les ténors du régime Ouattara – fidèles à leur logique du diviser pour régner – ont décidé de fragiliser la grève des fonctionnaires en invitant leurs camarades du RDR à reprendre le travail dès ce lundi. Le minimum d’intelligence aurait voulu que ceux à qui cet appel est lancé puissent comprendre que les revendications portées par leurs syndicats respectifs ne se limitent pas à une catégorie d’ivoiriens. Il ne s’agit pas d’une question de pro-Gbagbo, de pro-Ouattara, de militants du FPI, du PIT, de l’UDPCI ou du PDCI. Ce dont il est question concerne la dignité et la reconnaissance que la République doit à chaque fonctionnaire de l’Etat de Côte d’Ivoire.

Cette quête légitime est au-dessus des considérations ethniques ou politiques. Les jours passent et le mouvement de grève se durcit jetant une réelle menace sur des secteurs clés comme l’éducation et la santé. Il est à craindre une année blanche dans l’enseignement et des pertes en vies humaines dans les hôpitaux. Certainement qu’Alassane Ouattara attend que les pauvres qui n’ont pas le luxe – comme lui – de s’offrir des soins dans le privé crèvent en masse pour se décider à écouter les fonctionnaires. Une chose est sûre, le Gouvernement et les syndicats n’ont pas encore trouvé de solutions aux principales revendications des fonctionnaires.

Ces revendications sont entre autres le retrait de l’ordonnance n°2012-303 du 04 avril 2012, portant organisation des régimes de pensions gérées par IPS-CGRAE, le paiement du stock des arriérés estimé à 249.6 milliards de FCFA, la revalorisation indiciaire de 150 points pour les emplois ne bénéficiant pas d’une grille particulière estimé à 21 milliards, l’intégration des agents journaliers du secteur public à la Fonction publique, la suppression de deux impôts sur les salaires à savoir la Contribution nationale (CN) et l’impôt sur les salaires (IS), la liberté syndicale avec l’autorisation de précomptes à la source au profit des syndicats…

Les 16, 19 et 20 janvier 2017, les représentants syndicaux et les représentants du Gouvernement ont longuement échangé sur ces points sans trouver d’accord sur les plus importants. En réalité, Alassane Ouattara et ses lieutenants affichent leur mauvaise fois habituelle face à ceux qui revendiquent sans les armes ! Le Gouvernement lâche du lest sur les revendications secondaires et fait poireauter les négociateurs sur les questions pécuniaires dans l’espoir de les avoir à l’usure. Concernant le paiement du stock des arriérés estimé à 249.6 milliards de FCFA, la revalorisation indiciaire de 150 points pour les emplois ne bénéficiant pas d’une grille particulière estimé à 21 milliards, les revendications sur certains points en suspens sur le régime de retraite (méthode de calcul et taux) ; la partie gouvernementale ne veut prendre aucun engagement !

« Aujourd’hui, le Gouvernement ne peut pas s’engager dans le paiement de 270 milliards » avance Kandia Camara le ministre de l’enseignement. Surprenante réaction pour un régime si prompt à sortir des milliards pour régler une dette de guerre à laquelle les populations de Côte d’Ivoire sont totalement étrangères. Ce dédain face aux revendications des fonctionnaires est la preuve palpable qu’Alassane Ouattara n’a aucun respect pour les intellectuels, préférant la menace des armes et le vocabulaire va-t-en-guerre.

L’appel lancé nuitamment par les leaders syndicaux à la reprise du travail et qui a fait réagir les fonctionnaires semble avoir été obtenu sous la contrainte en témoigne les sms diffusés dans les réseaux appelant à s’inquiéter pour la vie des personnes présentées à la télévision. C’est connu, un mot d’ordre de grève ne se lève pas après une rencontre nocturne à la primature cernée d’homme en uniforme – comme en temps de guerre – mais seulement après une décision prise de façon consensuelle par tous les syndicalistes. La colère gagne tout le pays et les fonctionnaires sont restés chez eux. Ouattara n’aura rien s’il refuse de gérer les problèmes de fond !

Ebony T. Christian

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