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Le blanchiment d’argent prend de l’ampleur en Côte d’Ivoire

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Blanchiment d’argent, corruption, inégalités, justice, séparation des pouvoir…dès 2017, les Ivoiriens devraient être situés sur l’état de santé de leur pays sur ces questions cruciales.

Le blanchiment d’argent est l’action de dissimuler de l’argent acquis de manière illégale (fraude fiscale, spéculations illégales, activités mafieuses, trafic de drogue, d’armes, etc.) afin de le réinvestir dans des activités légales (par exemple la construction immobilière). Quel est l’ampleur réelle du blanchiment d’argent en Côte d’Ivoire ? Difficile de le dire. La Commission nationale du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (CN-MAEP) veut un état des lieux de ce phénomène.

Cette institution a été créée en juin 2015 pour promouvoir la bonne gouvernance à travers une évaluation des politiques dans quatre domaines de la vie publique : démocratie et gouvernance politique, gouvernance des entreprises, développement socioéconomique et enfin gestion et gouvernance économique. Sur ce dernier axe, la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent figure en bonne place dans le travail des évaluateurs comme l’explique le Dr Marie José Bokossa Kouassi, commissaire en charge de la gestion et de gouvernance économique.

« On verra quelles sont les mesures prises par le pays pour lutter contre la corruption et on ne va se focaliser pas seulement mais un des thèmes importants ici c’est la passation des marchés publics et quels ont été les résultats des politiques mises en œuvre par l’Etat. On verra aussi les différentes formes de blanchiment d’argent qui est un phénomène en fait qui gagne en ampleur dans le pays et on verra si la Côte d’Ivoire a mis en place des politiques qui permettent de pouvoir enrayer ce phénomène ».

Ce travail sera véritablement inédit et particulièrement intéressant pour permettre aux ivoiriens de comprendre comment l’argent sale est injecté dans l’économie nationale et son ampleur mais aussi d’identifier leurs auteurs.

L’objectif de cette autoévaluation est de promouvoir une gestion saine des finances publiques, la reddition des comptes (l’obligation pour les dirigeants de rendre compte aux populations) et de proposer des réformes pour relever les défis qui se posent comme des obstacles à l’atteinte de la vision économique de la Côte d’Ivoire. En tout cas, la gestion des affaires publiques commande la rigueur.

« Un Etat qui n’honore pas ses engagements vis à vis des fournisseurs, c’est un comportement à éviter. Pourquoi ?  Parce que l’Etat perd en crédibilité. Un Etat qui ne peut pas payer ses fournisseurs, c’est un Etat en qui on peut pas avoir confiance. Un autre comportement à éviter, c’est le manque de transparence non seulement dans la collecte des impôts (donc les recettes fiscales), l’utilisation qu’on en fait, comment ces recettes sont utilisées en termes de dépenses publiques. Un autre comportement à éviter, c’est la construction d’infrastructures routières. C’est un exemple : des routes qui sont construites qui ne sont pas entretenues », explique le Dr Marie José Bokossa Kouassi, membre de la CN-MAEP.

Avec le MAEP, les évaluations périodiques permettront de mesurer l’application des bonnes pratiques, les règles de gestion économique selon les standards africains internationaux par les dirigeants ivoiriens.

En plus de la gouvernance des entreprises, l’évaluation concerne aussi le développement socioéconomique. Il s’agit ici, par une enquête nationale, de passer au crible notamment les politiques sociales du pays et leur impact au-delà de la croissance à deux chiffres.

« Le MAEP, à travers une enquête sur l’étendue du territoire ivoirien, va poser des questions relatives à tous ces aspects de la vie sociale et économique afin de montrer les réussites,  les insuffisances des programmes et des politiques du gouvernement et les enquêtes vont conduire à la mise en place de proposition de solutions, de programme national d’action afin de réduire les problèmes et les inégalités, permettre à la majorité de bénéficier de la gratuité de l’école et des soins de santé, manger à sa faim, avoir un meilleur cadre de vie, un emploi et des formations appropriées », souligne le Pr François Kouassi N’Goran, commissaire en charge de la thématique développement socioéconomique.

Quel est l’état de la démocratie et de la gouvernance politique en Côte d’Ivoire ? A ce niveau, l’Etat de droit, l’efficacité des institutions et leur cohabitation (séparation des pouvoirs) seront scrutés. Objectif : assurer la paix, la stabilité et la justice.

« Nous allons certes analyser le pouvoir judiciaire mais dans ses rapports avec le pouvoir exécutif. Donc la problématique, c’est de vérifier la question de l’indépendance du pouvoir judiciaire à l’égard des autres pouvoirs qui sont des pouvoirs de nature politique », observe le Pr Lath Yedoh, commissaire chargé de la thématique démocratie et gouvernance politique.

La première version du rapport national d’autoévaluation de la Commission nationale du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs devrait être disponible d’ici mars 2017. A la fin du processus, ce rapport sera-t-il accessible au public ? C’est la véritable question.

Anderson Diédri

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