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Cinq ans de galère pour les agents licenciés de la RTI

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Le supplice continue pour les 322 agents licenciés pour motif économique de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). Le 12 mars 2012, après quatre mois de chômage technique, des hommes et femmes qui ont servi la Côte d’Ivoire ont été jeté à la rue.

Pour mémoire, les journalistes et autres personnels techniques de la maison bleue de Cocody ont été ont été remercié en novembre 2011 par l’ancien directeur général Lazare Aka Sayé sept mois après l’arrivée d’Alassane Ouattara à la tête de l’Etat. Cette décision fut l’un des premiers actes d’abus dénoncé par une frange d’ivoirien qui y voyaient déjà les prémices d’une gestion clanique du pouvoir. Cinq (5) ans après, les 322 agents licenciés de la RTI ne savent pas à quel saint se vouer. Ces agents et leurs familles sont dans la plus grande souffrance.

« A ce jour, beaucoup de nos camarades ne parviennent plus à satisfaire leurs besoins primaires. De nombreux malades souffrent en douce dans leurs villages loin des regards et dans l’indifférence totale. Par exemple, les camarades Ekeny Kedia Jean et Tohourou Bernard sont victimes d’AVC (accident cardio vasculaire, ndlr) et sont condamnés à la mort. Ils n’ont plus l’usage de leurs membres et de la parole », a déploré ce mercredi 30 novembre 2016 lors d’une conférence de presse, Joachaim Konan Koffi président du comité de suivi des activités liées au licenciement des agents.

La situation des ex-agents de la RTI est plus dramatique !

« Le licenciement à la RTI a coïncidé avec l’application des décrets portant réforme de l’IPS CGRAE et l’IPS CNPS. Du coup, un déflaté qui avait 52 ans en 2012 avec 27 ans 10 mois de service est obligé d’attendre 60 ans (2020) pour jouir de sa pension dans les deux régimes », explique l’ancien directeur des ressources humaines de la RTI.

Pourquoi cinq ans après leur licenciement, les agents continuent de broyer du noir alors que le tribunal de première instance d’Abidjan saisi en mai 2012 avait condamné le 30 juillet 2015 la RTI à leur payer 800 millions de francs CFA à titre de dédommagement pour licenciement abusif ? La maison bleue de Cocody a fait appel de cette décision. Depuis lors, l’affaire traîne à la cour d’appel. Programmé pour le 8 janvier 2016, l’audience a été déjà renvoyée à cinq reprises, la dernière est prévue le 9 décembre 2016. La raison ? Le ministère public n’a pas encore rendu ses conclusions.

« Le retard que le dossier a pris n’est pas du tout acceptable : depuis 10 mois, le dossier est bloqué sur le bureau de Monsieur Aly Yé, procureur général », s’indigne le conférencier.

« Il est anormal qu’un dossier social comme le nôtre puisse servir de coussin au procureur Aly Yéo », dénonce-t-il. Contacté ce mercredi 1er décembre 2016, le procureur général a répondu par un sms (short message service) qu’il était en réunion. Après quoi il était injoignable…

Aujourd’hui, les agents licenciés de la RTI ne souhaitent qu’une seule chose : qu’ils soient dédommagés et pour d’autres rétablis dans leur fonction. En effet, sur les 322 agents licenciés, 80 sont des fonctionnaires et agents de l’Etat. Logiquement, la RTI devait mettre ces derniers à la disposition du ministère de la fonction publique au lieu de les mettre à la rue. Ainsi, les déflatés réclament la réintégration de 31 fonctionnaires à qui il restait encore 10 à 25 ans de service, des mesures d’accompagnement pour 45 d’entre eux qui n’entendent plus revenir à la maison bleue parce qu’ayant atteint 30 ans de service ou l’âge de 55 ans. Alors que 322 agents avaient été remerciés pour motif économique, plus de 450 autres ont été recrutés à la RTI à ce jour. Un véritable paradoxe…

Anderson Diédri 

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