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Coup d’État contre Bédié : l’amnésie volontaire du PDCI

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Le 24 décembre 1999, le président Henri Konan Bédié était renversé du pouvoir par un coup d’État militaire. Ce jour marquant un tournant décisif dans la vie du PDCI est banalement archivé. Ce qui suscite l’incompréhension au sein du vieux parti.

C’est un silence troublant. De quoi susciter le questionnement au sein même du vieux parti. Le 24 décembre 1999, à dix mois de la fin constitutionnelle de son mandat, le président Henri Konan Bédié est renversé par un groupe de militaires qui revendiquent des primes non versées. Un coup d’État absolument inédit pour la Côte d’Ivoire et qui venait par ailleurs de mettre fin à près de 40 ans de règne de l’ancien parti unique qui dirigeait le pays depuis l’indépendance en 1960.

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), légendairement accroché aux symboles – il commémore par exemple chaque 18 octobre et 7 décembre qui sont respectivement les dates de naissance et de décès de son fondateur Félix Houphouët-Boigny et a célébré avec beaucoup de faste le 70ème anniversaire de sa création le 9 avril 2016 – entretient curieusement une amnésie volontaire jugée inadmissible par certains cadres.

Pour Ange Dagaret-Dassaud, directeur de cabinet du maire PDCI de Cocody, cette posture est hautement incompréhensible. « Mon parti, le PDCI-RDA, a préféré du 24 décembre 2000 au 24 décembre 2017, durant dix-sept bonnes années, simplement, dans sa communication politique, ignorer, rejeter et oublier exprès cette date fatidique du 24 décembre de tous les maux du peuple ivoirien », écrit-il ce dimanche 24 décembre 2017 sur sa page Facebook.

« Pourquoi le président Henri Konan Bédié (la principale victime), réélu président du PDCI-RDA et ses différents collaborateurs Secrétaires généraux (2000-2002 et 2002-2013) et son Secrétaire exécutif Maurice Kacou Guikahué (depuis 2013) n’ont-ils jamais voulu en faire un sujet de communication politique ? », interroge-t-il dans son récit inquisiteur.

Pourtant, cette occasion aurait pu permettre au vieux parti de se poser en quelque sorte en héraut de la transition démocratique pacifique et en paladin contre la violence politique et l’accession au pouvoir par les armes dans un pays qui a terriblement souffert des affres des contingences politiques ces dernières années.

Ce coup d’État a en tout fragilisé le processus démocratique, l’unité nationale et ouvert la voie à une période d’instabilité politique sans précédent en Côte d’Ivoire. Militant de longue date du PDCI, harangueur sympathique et fougueux à l’occasion des meetings emblématiques du parti, longtemps militant associatif pour la défense des droits des personnes handicapées, Ange Dagaret ne manque pas de jeter quelques pierres dans le jardin de l’allié du Rassemblement des républicains (RDR), le parti du président Alassane Ouattara qu’il qualifie de principal bénéficiaire du coup du force des militaires. Vu la composition du gouvernement de transition formé par le chef de la junte, le général Robert Guéi, qui avait dans la foulée porté sur les fonts baptismaux le Comité national de salut public (CNSP), son fugace mouvement politique.

« Dans ce gouvernement militaro-civil du 4 janvier 2000, la part belle avait été faite au RDR dans le partage des sièges au gouvernement par le nombre plus élevé de sièges octroyés à ce parti », rappelle-t-il. Un éphémère gouvernement qu’avait aussi intégré le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo.

Dans un contexte politique déjà marqué par le débat parfois brumeux et tumultueux au sein de l’Alliance RHDP au pouvoir sur les candidatures à aligner pour les élections présidentielles de 2020, Ange Dagaret observe que les auteurs militaires et civils du coup d’État du 24 décembre 1999 qui a éjecté Bédié du pouvoir, « heureux » d’avoir eu raison du PDCI, « ne voulurent plus de son retour au pouvoir d’État en 2000, 2005, 2010, 2015 et peut-être même en 2020 ».

Anderson Diédri 

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