Covid19 et vaccination : le danger de la désinformation du ‘bouche à oreille’ [Scan-santé]
Internet et plus largement les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans la désinformation sur la Covid-19 à travers le monde. Mais ce serait une erreur d’oublier les autres supports qui sont utilisés pour distiller les rumeurs les plus folles. L’un d’entre eux est le ‘bouche à oreille’, puissant outil de promotion de la désinformation dans les cultures de tradition orale.
Nous n’avons pas encore tourné la page de la pandémie de la Covid-19 qui secoue le monde entier. Et aussi longtemps que la maladie sera installée, elle sera toujours accompagnée d’une infodémie tout aussi dangereuse que la maladie elle-même. Cette infodémie est alimentée par toutes sortes de rumeurs et d’informations totalement infondées sur la Covid-19 et de plus en plus sur les vaccins.
Dans une longue série de rapport sur la désinformation liée à la Covid-19, Blackbird.AI, grâce au pouvoir de l’intelligence artificielle indique comment internet et plus largement les réseaux sociaux ont contribué pour beaucoup à rependre de fausse information sur la pandémie. L’organisation estime qu’environ 19 millions de tweets sur près de 50 millions (soit 38%) liés au COVID-19 analysés au moyen de l’intelligence artificielle ont été considérés comme des « contenus manipulés ». Dans le même élan, Newsguard a identifié 191 sites web en Europe et en Amérique du Nord qui ont publié de fausses informations sur le virus. Quant à l’Alliance CoronaVirusFacts, elle a découvert – et réfuté – plus de 3 500 informations fausses ou trompeuses, dans plus de 70 pays et dans plus de 40 langues.
Cette tendance des fausses informations circulant en ligne est tout aussi vrai dans le contexte de la Côte d’Ivoire. De nombreuses fausses informations repérées dans des groupes WhatsApp ou Facebook ont été identifiées par Eburnie Today et d’autres organisations de Fact-Checking et vérifiées. Mais comment repérer les fausses informations et lutter contre la désinformation hors internet et médias sociaux en Côte d’Ivoire ?
1 – Les lieux de prédilection hors médias sociaux et internet
Entre Janvier et mars 2021, Eburnie Today s’est donné pour objectif d’identifier les lieux où les rumeurs les plus folles circulaient sur la Covid-19 et la vaccination. Cela a été possible grâce à l’allègement des mesures de distanciation sociale, la fin du couvre-feu et des interdictions de rassemblements. Si tous les espaces publics sont des lieux pas excellence de la propagation de la rumeur et des fausses informations, Eburnie Today a pu établir un ordre en fonction de la fréquence des informations qui circulent dans ces milieux. Les premiers sont les lieux d’exercice d’activités professionnelles (bureaux, marchés…), suivent les lieux de restauration et de divertissement (maquis, bar, plein air), puis les centres de formation (écoles, universités…) et enfin les gares routières. Ces lieux sont des points de départ d’informations infondées qui à la fin d’une journée iront inonder de nombreuses oreilles et être considérées comme parole d’évangile.
2 – Les fausses informations courantes
Cela peut sans doute paraître surprenant mais après un nombre incalculable d’émission télé et radio, d’articles et de campagne d’affichage de toute sorte, des rumeurs concernant la Covid-19 et qui datent de l’apparition de la maladie continuent de circuler. Par exemple, pour de nombreux ivoiriens, la Covid-19 reste « une forme de paludisme », « une maladie qui tue plus les blancs » avec un vaccin « qui favorise la contamination chez les africains ». Ce vaccin sera rendu « obligatoire pour inoculer une puce » qui permettra « de contrôler tous les habitants de la terre » ! La rumeur qui est ventilée se nourrit à toutes les sources. On a tantôt du « je l’ai lu sur internet », « un ami médecin m’a dit », « une tantie au marché parlait de ça »…autant de sources qui ne sont en rien fiables pour la grande majorité.
3 – Une diffusion à grande échelle
L’impact d’une fausse information diffusée sur internet peut être limité par plusieurs facteurs. Impossible pour celui qui n’a pas un ordinateur, un smartphone, une tablette ou une connexion internet de la recevoir directement. La rumeur concernant la Covid-19 qui est véhiculée de bouche à oreille voyage bien plus loin et touche un nombre plus important de personnes. Prise sur un marché ou une gare routière, la fausse information finira par être enregistrée par un membre de la famille lors du dîner. Ce dernier pourra la partager le lendemain à l’école et un ami curieux finira par la rapporter sur un terrain de foot dans son quartier et ainsi de suite… Le comble c’est que cette rumeur finira par rester une vérité jusqu’à ce que celui qui l’écoute ou la colporte ne soit convaincu du contraire en acceptant de s’informer à une source fiable.
4 – Source difficile à identifier mais pas impossible à contrer
Qui est l’auteur de la rumeur sur la Covid-19 ? Il s’agit de toute personne croyant être à la bonne source de l’information, croyant détenir la bonne information et qui – de façon volontaire ou non – la diffuse. Sauf qu’en ce qui concerne la rumeur, l’information dont certains disposent est complètement infondée. En l’absence d’une bonne éducation-formation aux nouveaux médias et à l’utilisation d’internet, le nombre de personnes qui s’abreuvent à la sève des sites conspirationnistes ou diffusant toute sorte de théories fausses sur la Covid-19 reste très élevé. Aussi longtemps que la maladie sera présente, aussi longtemps que les professionnels des médias se doivent de rappeler au quotidien où trouver la bonne information sur la Covid-19. En cas de doute sur une information relative à la Covid-19, visitez les sites de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), celui de l’OMS Afrique, du CDC Afrique ou du Ministère de la santé de Côte d’Ivoire pour pouvoir démêler le vrai du faux.
Martine Zogbé et Traoré Bakary avec le soutien de l’OIF, Mécanisme de lutte contre l’infox