En route pour la Géorgie, des footballeurs ivoiriens sont bloqués en Ethiopie depuis cinq mois. L’agent joueur qui était censé leur ouvrir les portes du succès serait porté disparu.
« Depuis cinq mois, une dizaine de joueurs de nationalité ivoirienne se trouvent en Ethiopie. Partis sous la houlette d’un certain Touré Jean Alain se disant agent sportif, ils ont entrepris de se rendre en Géorgie pour des essais dans des clubs », indique un communiqué de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) publié sur son site.
Les joueurs bloqués en Ethiopie appartenaient tous au club de l’ASC Ouragahio (club national ivoirien évoluant en ligue régionale) et se sont vus refuser le visa par l’ambassade de Géorgie dans ce pays de la corne de l’Afrique. La FIF souligne n’être mêlée ni de près ni de loin à cette affaire précisant par ailleurs qu’aucune demande de sortie conformément à la procédure en vigueur ne lui a été adressée par le ou les clubs de ces joueurs. Le prétendu agent sportif, Touré Jean Alain n’est pas non plus enregistré sur la liste des agents agréés par la FIF. La liste des agents joueurs publiée par la FIF ne comporte pas effectivement le nom de Touré Jean Alain.
La FIF qui a été informée de la situation par le ministère ivoirien des sports (qui a lui-même reçu l’information via le ministère ivoirien des affaires étrangères) dénonce une opération clandestine de sortie de joueurs. La police économique, à la demande des autorités compétentes, a également ouvert une enquête et collabore avec la FIF sur cette présumé situation de joueurs grugés par un ‘agent véreux’ comme titre déjà la presse locale. Dans la note signée du directeur exécutif adjoint de la FIF, Zito Blake Claude, « il s’agit d’une entreprise clandestine de sortie de joueurs qui s’est faite au mépris de la réglementation en place, sans que la fédération ait été, à un quelconque moment, associée ou même informée ».
Eburnie Today, a pu joindre un cadre de l’équipe dirigeante de l’ASC Ouragahio pour vérifier dans un premier temps si les joueurs provenaient effectivement du club. Ce dernier qui a requis l’anonymat sous prétexte que « la FIF s’occupe déjà du dossier » confirme que les joueurs sont effectivement des « jeunes du club ». A la question de savoir si les joueurs ont fait l’objet d’un accord de départ avec le club, le dirigeant reste évasif estimant ne « pas s’occuper des transferts au sein de la direction du club ».
Après quelques heures de recherche laborieuse, la rédaction arrive enfin à joindre via WhatsApp Mr Touré Jean Alain qui confirme être effectivement en Ethiopie avec des joueurs de l’ASC Ouragahio, s’étonnant d’avoir été livré à la vindicte sur les réseaux sociaux en raison du communiqué de la Fédération Ivoirienne de Football. « Je ne suis pas sorti du pays clandestinement avec ces joueurs. J’ai eu l’accord de leur club et de leurs familles respectives. Je n’ai abandonné personne en Ethiopie : nous sommes encore dans le pays et je suis avec les joueurs » nous explique l’homme visiblement remonté. Pour montrer sa bonne fois, Mr Touré nous propose de le rappeler dans la soirée après l’entrainement des joueurs.
Quatre heures après notre premier échange, nous retrouvons l’agent joueur qui indique être bien connu de la FIF et dans le milieu du football ivoirien. Autour de lui, trois joueurs qui ont indiqué ne pas vouloir divulguer leurs identités de peur d’exposer leurs familles vu le débat qui enflamme la toile depuis leur départ. « Nous sommes bien logés et bien traités » indique le premier joueur avant que le second ne confirme que la dizaine de joueurs ivoiriens qui participent à ce voyage « ont réalisé des essais dans des clubs de la capitale Addis-Abeba ».
« Certains clubs sont intéressés par les jeunes et ceux qui le veulent pourront rester et évoluer ici » avance avec satisfaction Touré Jean Alain. L’agent joueur confirme qu’il n’a rien à se reprocher et rentrera à Abidjan une fois sa mission achevée, c’est à dire trouver un club aux jeunes qui lui ont fait confiance. « Je n’ai abandonné personne » précise-t-il avant de prendre congé de nous.
Depuis une dizaine d’année, les écoles de football poussent comme des champignons en Côte d’Ivoire et particulièrement à Abidjan. A cela s’ajoute des personnes écumant des terrains de football et se présentant comme des agents joueurs, promettant des lendemains meilleurs sous d’autres cieux aux joueurs athlètes ivoiriens. Un univers assez flou dans lequel peuvent évoluer un nombre incalculable de faussaires qui font miroiter aux jeunes talents une carrière glorieuse dans plusieurs pays d’Europe. Les pays de l’Est sont les nouvelles destinations présentées aux footballeurs ivoiriens comme l’eldorado.
SUY Kahofi
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