Société

Destruction du riz birman : le mensonge continue (Enquête)

Selon une enquête du parti politique LIDER (Liberté et Démocratie pour la République), l’opération de destruction du riz toxique birman n’est qu’un leurre. Le gouvernement Ouattara a encore une fois trompé les populations.

En moins de deux ans, les jeudis de Koulibaly sont devenus le rendez-vous que les Ivoiriens attendent pour être éclairés sur les tâtonnements d’un gouvernement qui navigue à vue. La séance du 11 avril dernier proposée par le candidat de Liberté et Démocratie pour la République (LIDER) à l’élection présidentielle de 2020, a porté sur les 18.194,55 tonnes de riz avarié de Birmanie, refusé dans plusieurs ports ouest-africains, mais curieusement déchargé et stocké au port d’Abidjan depuis mars 2019. Face à la pression de MamKoul, le gouvernement Ouattara a du publier un communiqué indiquant que la date retenue pour la destruction du riz incriminé était le 16 avril 2019, au centre de valorisation et d’enfouissement technique de Kossihouen, à 45 km d’Abidjan, sur l’autoroute du nord. Enquête.

  • Comment le gouvernement Ouattara a encore une fois trompé les populations ?

Le Cvet est un centre moderne de traitement des ordures situé dans la sous-préfecture de Songon, à 3 km en sortant de l’autoroute. On y arrive par une voie bitumée, en zigzags. Le centre est composé de bureaux et d’un site d’enfouissement des déchets qui leur est contigu. Cette situation induit une nuisance olfactive pernicieuse continuellement ressentie par les travailleurs du centre, mais aussi par les habitants des villages environnants qui disent en souffrir encore plus en période de pluie.

L’attente a été longue le mardi 16 avril 2019 au Cvet.

Pour un processus qui aurait dû débuter à 10h00 selon le programme communiqué par les pouvoirs publics, c’est à 16h00 qu’un camion de marque DAF XF380 immatriculé 3223FL01, chargé de prétendument 35 tonnes du riz avarié, a stationné dans le centre, suivi par le cortège des véhicules des ministres Anne Ouloto et Souleymane Diarrassouba, de plusieurs responsables du port, de la douane, du bnetd, accueillis par une meute d’organes de presse alertés.

Pourtant, malgré les affirmations des autorités qui répétaient inlassablement que d’autres camions allaient suivre, aucun autre véhicule n’est venu décharger sa marchandise jusqu’à la fin de la journée de travail à 17h30.

Alors, à quoi avons-nous donc assisté ? Une opération de destruction ou une opération de communication, pour filmer quelques images qui tourneront en boucle à la rti et endormir la vigilance des populations et des médias ? Il semblerait bien que la 2e option soit la bonne, mais c’était compter sans LIDER.

  • 35 tonnes, vraiment ?

Les médias et le gouvernement l’ont répété à l’envi : 35 tonnes de riz ont été détruites la semaine passée et le reste le sera sur une durée d’un mois. Sauf que, d’une part, le camion qui a servi à la mise en scène ne contenait pas 35 tonnes de riz, car cela aurait supposé que 700 sacs de 50 kg soient sortis, ce qui n’a pas été le cas ce jour-là, où nous avons assisté au déchargement manuel du camion et à la destruction des sacs, le tout «géré, bouclé» en une heure trente minutes chrono. Une armée de robots n’aurait pas réussi pareil exploit.

D’autre part, même si l’on admettait qu’on l’on décharge chaque jour réellement 35 tonnes, cela supposerait que pour une marchandise totale de 18.194,55 tonnes, des camions fassent 520 voyages vers Kossihouen. Cela ferait 17 camions par jour, samedi et dimanche inclus.

Comme à LIDER, on a les bons réflexes, nous sommes repartis dès le lendemain, mercredi 17 avril 2019, au Cvet, pour attendre la suite de la destruction. Et là, surprise : de 9 heures à 14 heures, zéro camion. Le jeudi, aucune colonne de camions n’a été vue en direction de la décharge. Et puis il y a eu le long weekend de Pâques. Et donc, en résumé, en 6 jours, ce sont 35 tonnes (qui n’en étaient pas) qui ont été détruites, mais les citoyens dorment chez eux, rassurés que le riz avarié a été concassé.

  • Blaguer-tuer

Ivoiriens, réveillez-vous ! Nous avons à faire à un gouvernement non transparent, qui rechigne encore à nommer officiellement l’importateur, à lui présenter la facture des pénalités et du coût de la (pseudo?) destruction et à sanctionner tous ceux qui sont partie prenante de cette opération d’intoxication des populations, comme l’a demandé le Délégué National LIDER au commerce et à l’industrie Yves Meledje, dans un courrier adressé au ministre du commerce Diarrassouba et resté sans réponse à ce jour.

Quelle preuve avons-nous que le riz n’a pas été en grande partie reconditionné dans de nouveaux emballages et mis en vente dans les boutiques et marchés du pays ? Que fait la société civile ? Les associations de consommateurs ? La justice ? Le parlement, qui a les instruments juridiques et légaux pour convoquer un ministre ou mettre en place une commission d’enquête sur la question? Faut-il que nous nous rendions au centre d’enfouissement au cours des jours suivants pour nous assurer que les populations ne seront pas destinataires du produit toxique à grande échelle ?

LIDER et son candidat à l’élection présidentielle de 2020, le Prof. Mamadou Koulibaly, demeurent saisis de la question et attirent l’attention des populations sur l’entière responsabilité du gouvernement quant aux implications sanitaires des tribulations de ce produit nocif, impropre à la consommation.

Enquête signée LIDER

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