L'actualité ivoirienne sans coloration politique

FAUX, ces images ne témoignent pas des violences envers des migrants africains en Pologne

0

Ces dernières 72 heures, une série d’images reviennent de façon récurrente sur les réseaux sociaux. Elles sont – selon les auteurs – le symbole de la violence envers les migrants africains fuyant la guerre en Ukraine. Si des cas de racisme et de violence ont été relayés par de nombreux médias, ces images qui deviennent de plus en plus virales n’ont aucun lien avec le conflit en Ukraine.

Quatre images voyagent sur Facebook avec la description « La police polonaise qui tire sur les africains qui tentent de fuir la guerre a Kiev pour rejoindre la Pologne » comme sur les comptes Football univers el mara et Bertrand Dieuvoit.

La première montre l’image du visage ensanglanté d’un homme. L’œil de ce dernier est fermé et perlé de sang. Sa lèvre inférieure ouverte est aussi couverte de sang. Sur la deuxième image, on voit un nombre important de personnes assises à même le sol. Ces personnes sont majoritairement noires mais dans le fond, on distingue des personnes blanches dont certaines portent des uniformes rouges et d’autres des chasubles jaunes. La troisième photo est celle de trois personnes assises à même le sol et sur la quatrième on devine des agents des forces de l’ordre portant des casques.

La langue comme indice

Cette quatrième image est celle avec laquelle nous débutons notre vérification. Sur l’un des véhicules on peut lire « Policia ». En utilisant le traducteur en ligne DeepL, le logiciel suggère comme langue l’espagnol et comme traduction « Police ». Nous sommes probablement dans un pays où l’espagnol est la langue officielle. D’autant plus la traduction (toujours avec DeepL) de Police en polonais donne « Policja ». Et c’est ce qu’on peut voir sur cette voiture de police polonaise par exemple.

Voiture de police en Pologne (photo DR)

Ajouté à ces indices la barrière haute avec des barbelés qu’on aperçoit sur la 4ème photo. Une telle barrière n’existe pas à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. En fin, la météo des images révèle un temps estival avec du soleil : ce qui est tout le contraire de l’Ukraine en ce moment avec une température autour des 1 à 2° C et de la neige. Ces premiers indices nous permettent donc d’écarter l’Ukraine.

Des images sorties de leur contexte

Mais d’où viennent donc ces images ? En associant les indices observés sur l’image 4 avec trois autres images, on peut se demander quel pays dont la langue officielle est l’espagnol, a fait face à une arrivée massive de migrants ces derniers jours ? L’Espagnol, la barrière avec les barbelés et les migrants nous font penser aux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.

Ces deux villes ont fait récemment l’actualité même si cette actualité est passée un peu inaperçue du fait de la situation en Ukraine. Entre le 1er et le 5 mars 2022, plusieurs centaines de migrants ont risqué leurs vies pour franchir la barrière haute de 6 mètres à Melilla.

C’est probablement de là que viennent les images qui circulent sur les réseaux sociaux. Pour en avoir le cœur net, nous tentons une recherche par image inversée via Google Image. La première image du migrant blessé confirme notre hypothèse et est identifié comme une séquence d’une vidéo diffusée par la chaîne TV5 Monde.

La deuxième image nous ramène à des articles sur le même sujet. Dans ces deux articles, l’un de La Nouvelle République et l’autre de L’Express, le crédit photo est attribué à l’Agence France Presse (AFP). La 4ème photo qui est aussi de l’AFP, illustre un autre article sur un site d’information Suisse.

De nombreux cas de violences sur des migrants ont été signalés à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. Plusieurs articles comme ceux de France Info, Euronews et France 24 en parlent. Cependant, grâce à cette vérification, nous pouvons affirmer que les images citées dans cet article ne présentent pas la situation à la frontière polonaise. Il s’agit plutôt d’images de l’escalade de la barrière de Melilla et n’ont rien à voir avec l’Ukraine ou des policiers polonais qui tirent sur des africains.

Traoré Bakary

Comments

comments

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.