FAUX, l’eau de coco ne peut pas remplacer le sang pour les transfusions sanguines
La page Facebook Afrik Health TV indique dans une publication que « l’eau de coco peut être utilisée pour les transfusions sanguines ». Même si le texte utilise des terminologies médicales et scientifiques pour expliquer pourquoi l’eau de coco peut remplacer le sang, les recherches effectuées par Eburnie Today indique que cette publication est très éloignée de la réalité.
Voici ce que dit la publication Facebook partagée plus de soixante-dix fois :
« L’eau de coco peut être utilisée pour les transfusions sanguines. L’eau de coco est transparente, légèrement sucrée, complètement dénuée de gras et contient très peu de calories. Très riche en vitamines, en minéraux, isotonique elle a une teneur très élevée en électrolytes » explique l’auteur du texte.
« Sa composition en électrolytes est tellement similaire à celle du plasma sanguin que des chirurgiens l’avaient utilisée en transfusion sanguine d’urgence, pour soigner les soldats blessés et isolés durant la deuxième guerre mondiale. Dans un passé plus récent des expériences similaires se sont renouvelées. (Australie, Îles Salomon…) » conclut la publication.
Transfusion ou perfusion ?
Cette publication a-t-elle un fondement scientifique ? L’eau de coco peut-il remplacer le sang ? « Je pense premièrement qu’il y a un nombre important de définitions ou de concepts scientifiques que l’auteur de cette publication à tendance à confondre. Il y a nettement une confusion entre la transfusion et la perfusion » précise Docteur Issa Coulibaly, médecin anesthésiste et réanimateur.
Le chef de service du bloc opératoire de l’Hôpital Général d’Anyama (Côte d’Ivoire), explique ceci : « dans la transfusion, le professionnel de la santé apporte à un patient une partie du sang (globules rouges, plaquettes, plasma…). S’il s’agit d’un médicament ou d’une solution nutritive on ne parlera plus de transfusion mais de perfusion ».
Sur la base de ces premières définitions, nous tentons de savoir si l’eau de coco a déjà fait l’objet d’utilisation pour la transfusion ou la perfusion. Grâce à l’utilisation des moteurs de recherche pour articles scientifiques Scinapse et Semantic Scholar, nous retrouvons une étude ayant pour titre The intravenous use of coconut water (L’usage intraveineux de l’eau de coco).
L’étude largement relayée par plusieurs sites dédiés aux publications scientifiques indique que « le fluide de noix de coco s’est avéré être une forme efficace de solution d’hydratation intraveineuse en petits volumes sur de courtes périodes, et peut être considéré comme une alternative temporaire aux fluides intraveineux standard dans les régions éloignées où les fournitures sont rares et les noix de coco, abondantes et peu coûteuses ». Il ne s’agit donc pas d’utilisation de l’eau de coco dans la transfusion mais plutôt la perfusion.
Eau de coco et sang : deux liquides différents
« Le deuxième élément que j’aimerais souligner concernant cette publication c’est que l’eau de coco et le sang sont deux liquides très opposés dans leur composition et texture. Dans le sang nous avons des cellules dont les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes. A cela s’ajoute le plasma (partie liquide) qui contient plusieurs protéines dont celui de la coagulation. A ma connaissance l’eau de coco ne contient pas tous ces éléments » détaille Docteur Issa Coulibaly.
En effet, l’eau de coco est composée des glucides, du magnésium, du potassium, du calcium, des protéines mais surtout de l’eau en grande quantité. Plusieurs nutritionnistes lui attribuent des vertus de boisson très désaltérante et saine. Docteur Issa Coulibaly précise que les protéines du plasma sont différentes de celles de l’eau de coco.
« L’eau de coco ne peut pas remplacer le sang dans la transfusion sanguine. L’utiliser à cette fin pourrait conduire à une infection grave comme la septicémie. Je précise qu’administrer de l’eau de coco à un patient comme tout autre produit, substance ou médicament non homologué ou ayant fait l’objet d’études scientifiques sérieuses peut conduire à des conséquences graves voir le décès du malade » met en garde Docteur Issa Coulibaly.
Martin Zogbé