Forêt classée du Cavally : WCF sensibilise les populations
Sauver la forêt classée du Cavally, située à Zagné, petite sous-préfecture du département de Guiglo, dans l’ouest du pays. C’est l’objectif de la campagne de sensibilisation initiée par WCF à travers une pièce de théâtre qui va sillonner 9 villages autour du Cavally du 19 au 28 avril 2017.
La forêt classée du Cavally, d’une superficie de plus de 67.000 hectares est fortement menacée par les infiltrations agricoles, notamment en raison de la cacao-culture. Dégradée à 40% par des occupants illégaux, elle a besoin d’être sauvée en urgence au risque de disparaitre. C’est ce défi que veut contribuer à relever la Fondation pour les chimpanzés sauvages (WCF) qui a initié une grande tournée de sensibilisation par le… théâtre.
Ainsi, depuis le mercredi 19 avril dernier, cette pièce est jouée chaque soirée dans des villages autour de la forêt classée, et ce, jusqu’au 28 avril. Cette pièce relate ce qui se passe dans le Cavally : infiltration clandestine, présence de bandes armées qui installent et rançonnent les occupants illégaux qui défrichent et font des plantations de cacao, complicité de certains membres de l’administration locale qui encouragent ces pratiques et contribuent à la destruction de la forêt…
« Tout ce qui est là est quelque part vrai. On a changé un peu les noms, mais c’est des situations réelles », souligne Luis Marquès, directeur de Alma Production, et metteur en scène de cette pièce de théâtre intitulée « Sauvons le Cavally ».
Au 3ème jour de cette campagne le vendredi 21 avril, sur une place publique à Zagné en présence du chef du village, comme à chaque étape, la troupe arrachait un silence total à l’assistance avec des messages émouvants et moralisateurs ou à l’inverse, avec des scènes comiques, l’hilarité du public qui applaudissait parfois à tout rompre.
Emmanuelle Normand, la directrice Afrique de l’ouest de WCF, rappelle que le théâtre a été utilisé au début des années 2000 pour la sensibilisation, autour du parc national de Taï, sur la consommation de viande de brousse, notamment les chimpanzés. Une méthode qui a eu des résultats positifs à travers le changement de comportement des populations.
« On a même remarqué que plus les gens voyaient le théâtre, moins ils consommaient la viande de brousse. Donc on s’est dit que c’est un outil qui marche vraiment bien. Là, c’est un sujet nouveau, c’est un débat nouveau puisque c’est la déforestation. Donc on va tester cet outil encore pour voir si on peut réussir à stopper ou avoir un impact important pour faire diminuer la déforestation dans la forêt classée du Cavally », déclare-t-elle, avant d’ajouter : « Ce qu’on attend, c’est un effet rapide. Ce n’est pas dans 5 ans, ce n’est pas dans 10 ans qu’il faut sauver la forêt, c’est tout de suite. Donc on met la pression de toute part. La sensibilisation c’est un des outils pour essayer d’atteindre l’objectif ».
Cette campagne de sensibilisation vient en effet appuyer le Plan d’urgence mis en place par la Société de développement des forêts (SODEFOR) qui permet d’assurer des missions de surveillance chaque mois dans la forêt classée. Ces actions permettent la destruction d’abris et de plantations dans le Cavally et d’arrêter les occupants clandestins.
A ce propos, le nouveau commandant de l’Unité de gestion forestière, rappelant l’engagement pris par le directeur général de la SODEFOR, a indiqué que d’ici décembre 2017, la forêt classée du Cavally sera libérée.
« Nous avons les moyens humains, matériels et cet engagement sera tenu. Depuis quelques temps, vous nous voyez en action et ce n’est que le début », promet le lieutenant Diarrassouba. Non sans préciser que son unité, initialement à Guiglo, est désormais basé à Zagné.
Les populations attendent beaucoup du gouvernement pour sauver cette forêt classée. Les organisations locales souhaitent des actions d’envergure pour mettre la main sur les grands vendeurs de forêts et les bandes armées, et déguerpir les clandestins qui occupent le Cavally.
« Avec ce que le directeur général de la SODEFOR a dit sur les différents mouvements des hauts responsables du pays, en tout cas, on a foi que le Cavally soit vraiment libéré », espère Fidèle Téré, président de l’Ong Nofna, basée à Zagné.
Quant à Valérie Biéhou, Coordonnateur de l’Ong Oprft basée à Taï, il exhorte les populations car « c’est ensemble que nous allons reconstituer cette forêt qui est détruite ». Marc Anthelme Kouadio, coordonnateur de l’Association IDEF (Initiatives pour le développement communautaire et la conservation de la forêt) qui appui ces organisations locales, plaide pour la libération de la forêt classée du Cavally.
Anderson Diédri, envoyé spécial