La Côte d’Ivoire à l’heure du commerce équitable
Le commerce équitable a de beaux jours devant lui en Côte d’Ivoire à condition d’en faire la promotion auprès des producteurs et des consommateurs dans le pays. C’est sans doute l’une des conclusions à tirer après la fermeture des portes des premières « Journées nationales du commerce équitable » cette semaine à Abidjan.
Le commerce équitable est une forme de commerce qui a pour principe de rétribuer de façon juste les producteurs, mais fait également attention aux problèmes sociaux, environnementaux et éthiques liés à la production d’un bien ou d’un produit agricole. L’objectif est d’aider les pays en développement et les producteurs défavorisés en limitant les inégalités. C’est la première fois qu’un événement dédié au commerce équitable est organisé en Côte d’Ivoire.
« Le commerce équitable des produits agricoles dispose d’un fort potentiel en Côte d’Ivoire », estime Franck Koman, coordinateur du Réseau ivoirien du commerce équitable (RICE), organisateur de la manifestation qui s’est tenue jeudi et vendredi dans la capitale économique ivoirienne. Près de 200 coopératives, rassemblant plus de 120.000 producteurs, sont aujourd’hui certifiées commerce équitable en Côte d’Ivoire, contre une seule en 2004.
La Côte d’Ivoire a un fort potentiel agricole et occupe le rang de premier producteur mondial pour le cacao et africain pour la noix de cajou et le caoutchouc naturel. Pour chacun de ces produits agricoles, le commerce équitable peut aider à améliorer la production et à la rendre plus responsable au niveau des normes de protection de l’environnement. Les ventes de cacao équitable ont ainsi doublé en un an, passant de 80.000 à 150.000 tonnes de 2016 à 2017, selon le RICE.
Mais cela ne représente encore que 7,5% de la production nationale de 2 millions de tonnes – soit 40% du marché mondial. D’autres produits agricoles équitables sont dans cette même dynamique. Il s’agit de l’anacarde (noix de cajou), de la banane, de la noix de coco, de la mangue et du miel. Cependant, ces produits restent marginaux par rapport au cacao, qui représente 95% des ventes équitables ivoiriennes.
« La Côte d’Ivoire est partie en retard par rapport à d’autres pays de la région comme le Burkina Faso et le Ghana », explique Joël Bagbila.
Le responsable Afrique de « Fair for Life » (Equitable pour la vie), un organisme de certification fait remarquer que le pays « est actuellement en plein essor au niveau des ventes, mais toujours en retard sur la structuration des filières et la certification des producteurs ».
Pour pouvoir booster le commerce équitable en Côte d’Ivoire il va valoir séduire la clientèle sur le plan national. En effet, très peu d’ivoiriens se soucient de la qualité des produits qu’ils consomment et surtout de l’empreinte écologique dans le processus de production.
« Il faut viser d’abord des marchés de niches locaux, en attendant de toucher le grand public. Car il y a des consommateurs qui ont des moyens et qui veulent de la qualité, mais ne savent pas où en trouver » explique Joël Bagbila.
En multipliant des initiatives comme les Journées nationales du commerce équitable, les acteurs pourront sans doute mieux s’organiser et coopérer afin de créer des espaces dédiés aux productions équitables. Les Ivoiriens sauront où trouver des produits respectueux de l’environnement et de la santé du consommateur.
Ebony T. Christian