La Côte d’Ivoire s’engage à ratifier la convention de Minamata d’ici fin 2018
La Côte d’Ivoire veut réduire l’utilisation du mercure qui a des effets néfastes sur l’environnement et la santé. A l’occasion d’un atelier organisé ce 18 juin 2018 par le Centre africain pour la santé environnementale (CASE), le gouvernement a annoncé la ratification de la convention de Minamata sur le mercure d’ici la fin de l’année.
Le gouvernement ivoirien a décidé de prendre des mesures afin de réduire l’utilisation de l’amalgame dentaire et de parvenir à l’élimination du mercure dans la dentisterie d’ici 2020. A l’ouverture de l’atelier de sensibilisation, de renforcement de capacités et d’échanges de connaissance autour de la prévention des intoxications liées au mercure dentaire qui a eu lieu ce lundi 18 juin 2018 au Plateau, Dr Eugénie Gagne, directrice de l’hygiène publique et de santé-environnement, représentant la ministre de la santé et de l’hygiène publique, a assuré que la Côte d’Ivoire entend ratifier la Convention de Minamata sur le mercure signée en 2013 et qui vise à interdire d’ici 2020 l’utilisation du mercure dans certains produits voire à éliminer le mercure.
« La Convention [de Minamata sur le mercure] est déjà signée [par la Côte d’Ivoire] et c’est la ratification qui est en cours et qui se fera d’ici la fin de l’année 2018. Donc nous sommes très avancés sur la ratification », a déclaré Dr Gagne qui a relevé que le mercure et le plomb figurent parmi les 10 produits chimiques les plus dangereux pour la santé.
« Le gouvernement a signé la convention de Minamata. La ratification, c’est un processus, est en cours et nous espérons d’ici la fin de cette année, la ratification définitive », a ajouté Dr Gustave Aboa, directeur général de l’environnement et du développement durable.
Généralement utilisé dans l’orpaillage (la Côte d’Ivoire utilise près de 13 tonnes de mercure dans l’orpaillage artisanal selon des inventaires menés en 2014 et 2016), dans les cabinets dentaires (où des concentrations de plus de 5000 nanogrammes/m3 d’air dans certains cabinets ont été relevées, ce qui représente 5 fois plus de mercure que la norme autorisée), dans les produits cosmétiques et d’hygiène corporel (alors que la loi l’interdit, des concentrations de 0,8 et 0,9 ppm – partie par million – ont été retrouvés dans des crèmes éclaircissants), le mercure peut entrainer des maladies pulmonaires, respiratoires ou encore une baisse de la fertilité et des neuro-dégénératives telles que l’alzaïmer, etc.
Selon Dr Gustave Aboa, l’objectif est d’arriver à « enlever définitivement » le mercure dans les soins dentaires et aussi à offrir des alternatives aux professionnels et à la population ivoirienne. Ce qui passe par une forte sensibilisation des acteurs, souligne-t-il. Dr Gustave Aboa a félicité le Centre africain pour la santé environnementale (CASE) qui ne cesse d’œuvrer « pour une meilleure appropriation des problèmes de santé-environnementale et la promotion des alternatives adaptées ».
Dominique Kpokro Bally, président du Centre africain pour la santé environnementale (CASE), a pour sa part exhorté les autorités à agir rapidement afin de protéger la santé des populations et l’environnement.
« L’objectif pour nous c’est de pousser l’Etat à la ratification de la Convention de Minamata parce que l’Etat à lui tout seul ne peut pas adresser de façon exhaustive la question du mercure. Et vu qu’il y a des fonds qui sont disponibles au niveau du fonds de l’environnement mondial pour tous les Etats-partis, c’est l’occasion pour nous donc d’encourager notre pays à ratifier la convention pour que le gouvernement puisse disposer de fonds suffisants pour adresser la question du mercure », a-t-il souhaité.
Au terme de cet atelier, un avant-projet de décret portant sur la protection de la population contre les intoxications aux métaux lourds a été validé par les participants. « Le projet de décret qui a été validé aujourd’hui permet, s’il est adopté demain, d’interdire dès son entrée en vigueur le mercure, les amalgames dentaires chez les enfants de moins de 15 ans, chez les enfants enceintes, les femmes allaitantes. Ce qui est une avancée considérable pour la Côte d’Ivoire en marge de la ratification de la Convention de Minamata », fait valoir Dominique Bally.
« Cela permettra en même temps de juguler les problèmes de santé-environnement générés par les amalgames dentaires mais aussi d’adresser la mise en œuvre de la convention de Minamata de façon opérationnelle une fois qu’elle est ratifiée ou même avant sa ratification », explique-t-il.
Anderson Diédri