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L’Afrique compte 6.900 épidémiologistes pour 1,4 milliard d’habitants

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Dans le cadre de ses échanges avec la presse à l’occasion de la 3ème édition de la Conférence internationale sur la santé publique en Afrique (CPHIA 2023), Dr Jean Kaseya, le directeur général du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), a déclaré que l’Afrique a un véritable déficit d’épidémiologistes.

Dr Jean Kaseya, s’est inquiété d’un ratio assez faible de 6.900 épidémiologistes pour 1,4 milliard d’habitants en raison de la situation particulière de l’Afrique en matière de santé. Il a fait remarquer que l’Afrique enregistre au moins deux nouvelles épidémies par semaine, soit un total de plus de 100 épidémies par an. Selon lui, 75 % des épidémies ont des agents pathogènes zoonotiques et sont aggravées par le changement climatique. Pour les combattre, l’approche One Health (Une seule santé) est de plus en plus privilégiée par les pays africains.

Les experts de la santé humaine, les spécialistes de la santé animale et les experts de l’environnement unissent leurs forces pour préparer des plans de riposte au sein des programmes de One Health. Dans ce schéma de collaboration, les épidémiologistes jouent un très rôle important. Ils étudient les schémas de progression des pandémies, les causes et les effets des maladies au sein des populations cibles. Sur la base de données et d’informations consolidées lors de précédentes épidémies, les épidémiologistes œuvrent à découvrir la source des épidémies, leur mode de transmission et les moyens de les arrêter et de prévenir d’autres épidémies.

Selon les dernières estimations des Nations Unies, la population actuelle de l’Afrique est de 1,4 milliard d’habitants et le nombre très faible d’épidémiologistes sur le continent doit interpeller les décideurs. « A l’heure où je vous parle, 18 pays sont touchés par le choléra qui a fait plus de 4.000 morts. De nombreux pays d’Afrique de l’Ouest sont touchés par la dengue. Des inondations ont été enregistrées dans plusieurs pays, dont la Libye. Un tremblement de terre a touché le Maroc et plusieurs autres catastrophes naturelles montrent le lien entre le changement climatique et la santé en Afrique » explique Dr Jean Kaseya.

« Selon la Banque africaine de développement (BAD), le continent perd chaque année de 5 à 15 % de son PIB en raison des effets du changement climatique. C’est pourquoi le CDC Afrique s’engage à soutenir les pays africains dans l’adoption d’une approche de santé globale (One-health) pour relever ces défis liés au climat », a précisé le directeur général du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique).

Le patron du CDC Afrique a fait remarquer que moins de 10 % des pays africains sont en mesure de répondre à une épidémie majeure grâce à un personnel de santé qualifié. « L’Afrique a besoin de 6.000 épidémiologistes de terrain, mais nous n’en avons actuellement que 1.900. En outre, le continent a besoin de 25.000 épidémiologistes de première ligne, mais nous n’en avons actuellement que 5.000 » s’est inquiété Dr Jean Kaseya avant de souligner que « le CDC Afrique a mis en place de nombreux programmes et initiatives, tels que Africa Volunteers Health Corps, Kofi Annan Global Health Leadership Programme et le Field Epidemiology Training Program, afin de combler ce déficit ».

Le directeur général du CDC Afrique s’est aussi inquiété de la dépendance excessive de l’Afrique à l’égard des pays occidentaux, de l’Inde et de la Chine en ce qui concerne les importations de produits de santé de base. Il a révélé que « moins de 1 % des vaccins, 5 % des diagnostics et 30 % des produits thérapeutiques utilisés en Afrique sont actuellement fabriqués en Afrique ». « Ce déséquilibre souligne la nécessité urgente de renforcer nos capacités de production médicale sur le continent afin d’accroître notre autonomie et de réduire notre vulnérabilité aux ruptures d’approvisionnement », a-t-il ajouté.

Il a souligné que le CDC Afrique milite en faveur d’un ambitieux programme visant à produire en Afrique au bas mot 60 % des vaccins et des médicaments utilisés par les africains d’ici 2040. « Je reste convaincu que la production locale de nos médicaments, nos vaccins et nos équipements médicaux est la deuxième indépendance de l’Afrique. L’atteinte de cette ambition va atténuer notre dépendance à l’égard de l’extérieur, renforcer notre sécurité sanitaire, encourager l’innovation sur le plan local et conduira à la création d’emplois » a avancé convaincu Dr Jean Kaseya.

Suy Kahofi, envoyé spécial à Lusaka

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