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L’Allemagne est-elle la terre promise des migrants ?

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Vu de l’extérieur, l’Allemagne semble être le pays qui ouvre grandement ses bras aux migrants à la recherche d’une vie meilleure en occident ou fuyant les conflits. Ce constat est-il fondé ? Immersion au cœur du mécanisme allemand de prise en charge et d’appui aux migrants grâce à la trajectoire typique de trois migrants au cœur de Berlin.

La voix du commandant annonçant la descente vers Berlin me tire de mon sommeil après un rare voyage en avion que j’ai passé à dormir poing fermé. Il y a de quoi…La veille, j’ai passé du temps à relire mes nombreux articles sur la migration clandestine et à réfléchir au sort de ces nombreux jeunes africains qui ont quitté leur pays en quête d’une vie meilleure sur le vieux continent. C’est d’ailleurs avec l’un d’entre eux que j’ai rendez-vous dans le quartier de Wedding à Berlin. Son nom : Abou Bakar Sidibé, co-réalisateur du documentaire « Les Sauteurs » de l’anglais « Those who jump ».

Ce documentaire fut l’un des tout premiers sur la migration irrégulière tourné par un migrant à l’intérieur d’un camp sauvage dans le nord du Maroc. Dans une Allemagne en pleine campagne pour les élections européennes, la question de la migration irrégulière et des migrants est omniprésente dans le discours politique et dans les médias. Le long de mon parcours pour Wedding au centre de Berlin, les affiches des candidats tapissent ici et là des pancartes, des panneaux et des écrans.

Une dizaine de minutes au départ de la grande gare de Hauptbahnhof et me voici à la bouche de métro où m’accueille Abou Bakar Sidibé avec son sourire qui ne le quitte jamais. Je connais Abou grâce à son film mais j’étais loin de m’imaginer que présent en Allemagne depuis le 4 avril 2015, il n’ait pas encore un titre de séjour permanent. Son point de vue sur le système de prise en charge des migrants en Allemagne plante le décor de notre échange.

Abou Bakar me reçoit dans son studio bien aménagé autour d’un café et d’une cigarette. Nos échanges sont par moments perturbés par le passage assez bruyant des trains. Il fait froid…au point de me faire oublier le doux climat de Dakar d’où je suis parti. Un temps sans doute semblable à celui dans lequel mon interlocuteur a vécu sous des tentes de fortune à 900 mètres d’altitude dans la forêt de Gourougou au nord du Maroc.

« Je suis arrivé à Gourougou le 27 septembre 2013 après avoir passé deux ans sur les routes d’Afrique de l’ouest à la recherche d’une opportunité pour en entrer en Europe. En effet j’ai quitté Bamako en 2011 avec pour objectif de rallier la Libye puis le sud de l’Italie » m’explique Abou Bakar.

Mais ce chemin ne sera finalement pas celui que va suivre ce jeune malien. Titulaire d’une maitrise en anglais, Abou Bakar comme plusieurs jeunes africains était confronté à la réalité du chômage avec un contexte socio-politique dans son pays qui rendait la situation encore plus inquiétante : le Mali était en crise. C’est après une longue maladie et moult nuits de réflexion qu’il décide de quitter le domicile familial pour l’Europe.

« J’ai été surtout influencé par les migrants qui revenaient de l’Europe avec de l’argent et la fierté dans le regard de leurs familles sans oublier leur style de vie. Je me suis dit que moi aussi je pouvais réaliser mon rêve Européen ».

Un rêve à 5.000 f CFA (40 euros)

Abou Bakar Sidibé quitte son quartier de Lafiabougou à Bamako avec 5.000 f CFA en poche. Un soir de novembre 2011, il réunit dans un sac plastique quelques vêtements et se glisse hors de la demeure familiale. « Personne n’avait écho de mon voyage » indique le jeune homme. Mais 5.000 f CFA c’est juste de quoi se payer le transport pour Ségou. Une fois dans la ville il ne lui reste que 1.500 f CFA.

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Le voyage sur la Libye semble déjà compromis car son souhait c’était de rallier Niamey puis le nord du Niger. Dans la chaleur étouffante de Ségou, il fallait faire le point et surtout trouver de l’argent pour avancer. Seule richesse en cet instant : un complet en bazin. Il le vend à 7.500 pour rallier Bobo Dioulasso au Burkina Faso. Au pays des hommes intègres, il vivra de la solidarité des apprentis chauffeurs et des voyageurs pour manger, bradant à 500 ou 300 f CFA ces quelques vêtements pour espérer poursuivre son voyage.

« Je dormais à la belle étoile, souvent le ventre vide, mais rien n’entamait ma détermination à arriver en Europe ».

Mais la réalité est là et elle ne se nourrit pas de rêve Européen. Abou n’a plus de vêtements à vendre encore moins d’argent pour poursuivre le voyage. Grâce à l’aide d’un bienfaiteur providentiel, il arrive à joindre son cousin en Guinée Équatoriale qui lui envoie 25.000 f pour financer son voyage sur Niamey via Ouagadougou.

Abou Bakar Sidibé à Wedding

La route est longue mais Abou évite de dormir et d’y penser car l’Europe l’appelle. Mais une fois à Niamey, les échos qui lui sont parvenus de la Libye ne l’ont pas rassuré. Des histoires d’africains qui se faisaient enlever, torturer voire tuer lors de la traversée l’ont découragé. Il sollicite l’aide du consulat du Mali à Niamey pour regagner son pays mais sans succès. C’est finalement sa sœur ainée qui va l’aider à regagner le Mali…mais pas Bamako. Abou Bakar Sidibé prend le chemin de Gao avec un nouvel objectif : rallier le Maroc et de là…l’Espagne !

Gourougou : le ‘Calais africain’

De son départ de Bamako jusqu’à son retour à Gao, Abou Bakar Sidibé avait déjà fait un an sur les routes mais son rêve Européen était loin de se matérialiser. A défaut de l’Italie via la Libye, il visait désormais l’Espagne via le Maroc.

« Je dormais à la belle étoile avec un compagnon guinéen, Alpha, lui aussi en route pour l’Espagne. Notre villa : la place de l’indépendance où les islamistes appliquaient la charia quand ils contrôlaient le nord Mali. Notre festin quotidien : une pitance alimentaire offerte par un passant quand on ne mendiait pas ».

Avec son compagnon d’infortune, ils dormiront à la belle étoile jusqu’à ce qu’il retrouve un ami d’enfance, élément de la gendarmerie nationale malienne. Cet ami leur offre le gîte et le couvert pour plusieurs semaines mais Abou ne s’attarde pas. Il reprend des forces et continue son chemin vers l’Europe. En janvier 2012, Abou passe la frontière nord du Mali et se retrouve dans les foyers de migrants à Borj Badji Moktar en Algérie où par le plus heureux des hasards il retrouve son frère cadet lui aussi en route pour le Maroc. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui dira qu’il est possible d’être en Espagne sans quitter le sol africain, une référence aux enclaves de Ceuta et Melilla.

« Je me suis dit que c’était jouable mais il nous fallait de l’argent pour financer le voyage. Nous sommes allés à Tamanrasset et Ghardaïa où nous avons vécus de petits boulots puis Alger…près d’un an dans ce pays du Maghreb pour rassembler de l’argent. De là nous avons longé la frontière nord et rallié le Maroc à pied ». De Oujda, Abou et son frère ainsi qu’un autre compagnon regagnent Nador puis la forêt de Gourougou le 27 septembre 2013. Il aura fallu deux ans à Abou Bakar Sidibé pour arriver au Maroc et poser les yeux sur « Melilla, l’Europe en terre africaine ».

Gourougou dans le nord du Maroc (capture Google map)

La forêt de Gourougou est le ‘Calais africain’. C’est là que se retrouvent les migrants avant l’attaque sur la Valla, la barrière. Ces hommes aux dreads que l’on y trouve ne sont pas des disciples d’Haïlé Sélassié. Leur religion n’est pas le rastafarisme mais Melilla…la belle, objet de tous leurs rêves, objet de tous leurs fantasmes. « La première fois ça m’a fait un choc de voir des hommes vivres dans une telle misère, tout sale, mangeant dans des bouts de jerricanes et ayant à peine de quoi se laver ». Pour manger à Gourougou, il faut souvent descendre en ville faire les poubelles et pour un bain il faut chercher de l’eau à une fontaine…quand l’eau coule pour les migrants.

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Contrairement aux idées reçues, Gourougou est aussi l’antre d’une organisation solide mise en place par les migrants. On s’y retrouve par communautés et chaque communauté est dirigée par un chairman entouré de ministres. En plus de gérer le camp, ces leaders organisent les assauts sur la barrière qui sépare le Maroc de l’Espagne. Ici les règles sont strictes si bien que parler à la police marocaine peut signer l’arrêt de mort d’un migrant. C’est dans cette forêt aux multiples descentes de la police marocaine que va se jouer le destin d’Abou Bakar.

Je filme donc je suis !

Abou Bakar va vivre pendant 15 mois à Gourougou où il participera à plusieurs assauts sur la barrière de Melilla. Son petit frère plus chanceux a pu sauter pour se retrouver en Europe. Ce dernier l’appelle pour lui remonter le moral mais le doute s’installe chez Abou Bakar. Au gré de la vie faite de dangers dans le Gourougou, une équipe de reportage de la chaîne espagnole Antena 3 débarque dans le camp. Abou Bakar va servir de fixer et de traducteur à l’équipe de télé. La diffusion du reportage en Espagne (télé, radio, journal) va le propulser grâce à la magie des réseaux sociaux.

« J’ai été contacté par plusieurs médias et équipes de reportages qui sont venus du monde entier. Etats Unis avec le New Times, Corée, Espagne…De nombreux médias ont commencé à s’intéresser à la vie des migrants ».

C’est dans la foulée de ce succès qu’il fait la connaissance du journaliste espagnole Joseph Blasco et des cinéastes Estephan Wagner et Moritz Siebert. Ces deux derniers vont lui proposer de filmer sa vie dans le camp de migrants de Gourougou. « Estephan et Moritz m’ont proposé de filmer ma vie au quotidien dans le Gourougou. Au début j’étais intéressé par l’argent que je devais recevoir : 20 euros. Mais au fil du temps j’ai commencé à aimer la caméra et à aimer rendre compte de la vie du ghetto ». Le 20 octobre 2014, Abou Bakar arrive à passer la clôture de Melilla et le 4 avril 2015 – après quelques mois en Espagne – il arrive en Allemagne.

Les précieuses séquences filmées à Gougougou sont assemblées pour donner vie au documentaire le plus primé de Scandinavie en 2016. Le parcours d’Abou jusqu’à la frontière hautement militarisée de l’Europe lorsqu’il tombe amoureux de la réalisation de films. « Les choses sont allées vite en 2016 avec de nombreuses distinctions et festivals ». « Les Sauteurs » de l’anglais « Those who jump » décroche entre 2016 et 2017 près de 14 distinctions internationales pour 22 sélections lors de différents festivals. Le documentaire sera diffusé dans une centaine d’autres rencontres internationales dédiées au cinéma.

En dépit de ce succès, Abou Bakar reste un migrant en quête d’un statut comme les 1,8 millions d’autres en Allemagne depuis 2013 (Source Bundestag allemand 2018). Il n’est plus dans les camps d’asile depuis 2017 mais il n’a qu’un titre de séjour temporaire de trois ans : il attend toujours d’être régularisé. Les choses semblent s’éterniser car il fait parti de ceux qu’on appelle dans le milieu des migrants les « mauvais migrants ». L’expression désigne les migrants économiques, ne fuyant ni guerres, ni catastrophes, ni persécutions. Ils se considèrent comme brimés par le système allemand qui intègre plus facilement les Syriens, Irakiens, Afghans et Erythréen mais semble plus dur dans le traitement des cas d’africains (sub-sahariens).

Le débat sur la migration a aussi dominé les élections européennes en Allemagne

Pour Stefan Von Borstel, attaché de presse du BAMF (Bundesamt für Migration und Flüchtlinge/ Office fédéral des migrations et des réfugiés), il s’agit d’une catégorisation qui n’a rien d’officiel car le système allemand ne fait pas de distinction entre les migrants. « Ils peuvent avoir l’impression d’être marginalisés mais je vous rassure que le traitement des dossiers des migrants se fait au cas par cas. Personne n’est jugée d’avance en raison de ses origines. Plusieurs facteurs entre en ligne de compte avant de décider si oui ou non un migrant peut avoir ou non le titre de séjour ».

Parmi ces facteurs, le climat socio-politique du pays, la stabilité après une période de guerre ou de crise, la cohérence du témoignage d’une personne fuyant des persécutions… Toutes ces réalités sont prises en compte lors du traitement du dossier d’un migrant. « Par exemple, tous les migrants originaires d’Irak n’ont pas automatiquement le titre de séjour parce que venant d’un pays en crise. Certaines régions sont stables et cela peut jouer sur la décision finale d’accorder ou non le droit d’asile à quelqu’un » indique Stefan Von Borstel. Au total, 1,3 millions de personnes ont demandé l’asile en Allemagne dont 750.000 sont reconnus comme des réfugiés.

Le passage d’un train me ramène à la réalité d’Abou Bakar Sidibé. Il espère qu’avec l’évolution des lois sur l’asile et la migration il pourra décrocher un titre de séjour permanent. Il a aujourd’hui un travail et une formation qui lui permettent d’aspirer à un avenir meilleur. Mais la situation est plus compliquée pour un autre malien en Allemagne, Youssouf Kéïta, que je retrouve dans le parc de Görlitzer.

Youssouf Kéïta continue d’espérer et veut croire qu’il aura tôt ou tard ses papiers afin d’avoir un meilleur emploi et pouvoir envoyer de l’argent à sa famille restée au Mali. Pour lui, il est hors de question de passer par des raccourcis comme le mariage avec une allemande pour avoir ses papiers.

« Je suis migrant : pas un hors la loi et j’ai une famille au Mali à laquelle je tiens. Je suis là et l’Allemagne n’a pas le choix car je gagnais mieux ma vie en Libye : ils [pays de la coalition en Libye] ont fait la guerre en Libye donc à eux d’assumer les conséquences » avance amer le jeune malien.

Pour le moment il vit d’un petit boulot et de son ‘business’ dans le parc de Görlitzer. ‘Business’, un mot qui cache à peine le trafic de drogue dont vivent de nombreux migrants. L’odeur de la fumette est omniprésente dans le parc subdivisé en zone d’influence. Maliens, Sénégalais, Gambiens et Nigérians se partagent le parc et vendent ‘leurs produits’ aux passants. Parmi ces jeunes gens, de brillants étudiants et diplômés africains aux rêves brisés par la réalité des difficultés en Allemagne. Ceux qui n’ont pas sombrés dans la drogue s’accrochent à l’espoir d’être régularisés et trouvent par moment de l’aide, un repas chaud et une oreille attentive de l’autre côté de la rue au siège de l’ONG d’appui aux migrants Joliba.

Après quelques pas dans la ruelle opposée au parc, je me retrouve au siège de l’ONG dans une ambiance détendue. Un petit garçon né d’une union mixte joue avec des cubes sous le regard de sa mère originaire d’un pays d’Afrique d’expression anglaise. Son monologue en allemand est de temps en temps interrompu par un bénévole qui lui lance un mot amical. A Joliba, ‘mauvais migrants’ ou ‘bons migrants’ il n’y a pas de distinction. Le migrant est avant tout une personne qui a droit au respect et à toute la considération précise Anja Gronau coordinatrice de l’ONG. Joliba, comme plusieurs ONG en Allemagne, travaille à apporter aux migrants une assistance dans plusieurs domaines.

« Nous pouvons les conseiller pour le choix d’un avocat qui les aide dans leurs procédures de demande d’asile, nous offrons aussi des cours de langue pour faciliter leur intégration sans oublier de l’assistance médicale dans des cas spécifiques et de la nourriture » nous explique Anja Gronau.

Anja Gronau et deux bénévoles de l’ONG Joliba

Concernant le débat sur la migration, Anja estime que le système ne devait pas faire de distinction entre les migrants mais bien au contraire les aider à mieux s’intégrer. C’est aussi le point de vue de Bruno Ouattara, un togolais d’une soixantaine d’année arrivé en Allemagne en 1987. Bruno Anoufo de son nom à l’état civil a obtenu son titre de séjour permanent en 2006 soit 19 ans après son arrivée dans le pays. Le regard rivé sur le Landwehrkanal, les souvenirs de la longue marche pour l’émancipation des migrants et leur reconnaissance remonte avec nostalgie chez Bruno Ouattara. En 32 ans passées en Allemagne il a été témoin de l’évolution du système allemand de gestion des migrants.

« Je suis arrivé dans ce pays à un moment où migrer n’était pas ce phénomène de mode. Je fuyais la répression policière au Togo au lendemain de la conférence nationale. J’ai trouvé refuge au Bénin puis le Ghana avant d’atterrir en Allemagne ». Bruno Ouattara a connu les camps de réfugiés, les longues procédures de demandes d’asile et surtout le regard inquisiteur de la société. « Les choses ont sensiblement changé. Avant, un africain dans un transport en commun et c’était la police qui débarquait pour exiger les papiers. Deux africains assis dans un parc et c’était les contrôles. Il y avait aussi les rapatriements dans des conditions insoutenables. Aujourd’hui cela n’existe pratiquement plus ».

Ce caractère plus ‘humain’ du traitement des migrants n’occulte pas le fait que 280.000 personnes ont quitté l’Allemagne soit parce qu’elles ont été expulsées ou transférées vers un autre Etat en application du règlement de Dublin. Bruno Ouattara est connu dans le milieu des migrants en Allemagne pour être un ‘agitateur’, un homme engagé pour les droits des migrants. Il a organisé plusieurs marches de protestations visant à mettre fin au harcèlement policier des migrants et surtout à ouvrir les yeux des allemands sur la manière dont les migrants sont traités dans leur pays.

« Dans les camps de migrants ce n’est pas une vie qu’on y mène : la même nourriture au quotidien dans des anciens camps militaires réhabilités sans contact pratiquement avec le monde extérieur : ce n’est pas une vie ça ! J’encourage ceux qui y sont à se mobiliser pour leurs droits, à sortir de ces camps ».

Bruno Ouattara reste convaincu que le système allemand dans sa classification a réussi à fragiliser les migrants. Ces derniers se mobilisent de plus en plus en petits groupes isolés en fonction de leurs pays d’origine ce qui n’est pas fait pour influencer sur les lois prises par l’Allemagne au niveau de sa politique migratoire. « La migration est aussi vieille que le monde et nul ne peut l’empêcher. Malgré les moyens financiers et matériels déployés par l’Europe, il y aura encore des africains qui viendront aussi longtemps qu’ils n’auront pas chez eux les conditions de leur plein épanouissement » soutient Bruno Ouattara.

Pour Bruno Ouattara nul ne peut empêcher à la migration

L’idée d’investir dans une militarisation de la lutte contre la migration clandestine ou d’allouer des enveloppes de crédit aux Etats africains pour des programmes de lutte est utopique indique mon interlocuteur. Tout cet argent servira bien plus à enrichir un groupuscule de dirigeants qu’à créer les conditions d’un meilleur climat économique capable de maintenir les jeunes sur le continent. Le gouvernement fédéral allemand n’est visiblement pas de cet avis. Il a considérablement augmenté le financement des mesures de lutte contre les causes de la migration dans les pays et régions en crise, le faisant passer de 1 milliard d’euros en 2014 à 2,6 milliards d’euros en 2017.

L’Allemagne reste l’un des pays européens les plus engagés contre la migration clandestine mais également celui qui aura ouvert ses portes aux migrants. Cette image est celle que l’on retient généralement de ce pays. Cependant, pour les migrants en Allemagne la réalité de la reconnaissance et de l’intégration est tout autre. L’idée d’une Allemagne terre d’accueil est différente d’un migrant à l’autre selon son propre parcours pour avoir le droit de résider dans ce pays, poumon économique de l’Europe.

SUY Kahofi

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