Depuis plus d’une semaine, plusieurs publications sur les réseaux sociaux annoncent l’arrivée au Burkina Faso de 2000 soldats de l’Initiative d’Accra. Bien que virale, cette information n’est pas fondée. Eburnie Today a pu consulter le communiqué sanctionnant la rencontre des chefs d’Etats et de gouvernements et aucune mention relative au nombre de soldat à déployer sur le sol burkinabè n’y est faite.
« Le Burkina a rejeté la proposition de l’initiative d’Accra visant à soutenir le pays par l’envoi de 2000 soldats, Gauthier Pasquet », voici le texte qui accompagne la capture d’écran d’un Tweet où le journaliste Gauthier Pasquet soutient que le Burkina Faso a refusé l’envoie de 2000 soldats sur son territoire. La publication a été mise en ligne sur Facebook par la page Intégrité le 26 novembre 2022. Cette même information est aussi relayée par plusieurs comptes et pages Facebook basés au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire (1, 2, 3).
🚨Le Burkina 🇧🇫 a rejeté la proposition de l’Initiative d’Accra visant à soutenir le pays par l’envoi de 2000 soldats. En parallèle le Premier ministre Apollinaire Kyélem dénonce « l’inaction de la communauté internationale ».
🔴Que veut vraiment le gouvernement burkinabé. pic.twitter.com/mTfBaRAtA4— Gauthier Pasquet🇫🇷 (@Gauthier_Pasq) November 26, 2022
L’Initiative d’Accra a-t-elle annoncé 2000 hommes au Burkina Faso ? Analysons dans un premier temps le communiqué qui sanctionne la rencontre du groupe le 22 novembre 2022. Cette note en 19 points dont Eburnie Today a eu copie se subdivise en trois axes. La solidarité de l’Initiative d’Accra envers le Burkina Faso, la reconnaissance à l’endroit des acteurs appuyant la lutte contre le terrorisme et les actions qui seront prises pour appuyer le pays.
Au point 15 notamment, il est indiqué que les chefs d’État et de gouvernement des Etats membres de l’Initiative d’Accra « ont réaffirmé leur engagement à mobiliser, les ressources endogènes nécessaires pour opérationnaliser, dans un délai d’un mois, la Force Multinationale Conjointe de l’Initiative d’Accra ». Ce point 15 qui évoque la force conjointe n’avance aucun chiffre.
L’Initiative d’Accra, a été créée en 2017 par le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo et le Burkina Faso pour lutter contre le terrorisme. En 2019, le Mali et le Niger se sont joints à l’Initiative en qualité de membres observateurs. Le dernier pays à rejoindre le groupe comme membre observateur est le Nigéria.
D’ailleurs, les nombreuses informations erronées qui circulent au sujet de l’Initiative d’Accra ont poussé le gouvernement du Burkina Faso à réagir. La télévision nationale (RTB) avait souligné dans un démenti que « contrairement à ce qui a été annoncé à notre édition de 13h (Mercredi 23 novembre 2022 NDLR), les soldats de la force conjointe de l´initiative d´Accra seront basés à Tamalé au Ghana et non déployés au Burkina ».
La chaîne s’est excusée de son erreur après la lecture d’un communiqué du porte-parole du gouvernement burkinabé Jean-Emmanuel Ouédraogo. « Le gouvernement de la Transition réaffirme toutefois son attachement à la coopération sous régionale ainsi qu’à tout effort de recherche de solutions concertées à la crise sécuritaire dans notre espace commun », a-t-il dit sans jamais avancer un seul chiffre sur une quelconque force à déployer dans le pays.
L’Initiative d’Accra a bien organisé une rencontre le 22 novembre 2022 réaffirmant son soutien au Burkina Faso. Cependant, elle n’a pas annoncé l’envoie de 2000 soldats au Burkina Faso comme l’ont indiqué plusieurs publications sur les réseaux sociaux.
Traoré Bakary
