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L’IPAO forme les journalistes pour améliorer les droits des femmes en Côte d’Ivoire

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La participation politique et la représentativité des femmes dans les sphères de prise de décisions restent faibles en Côte d’Ivoire. Pour améliorer la visibilité des femmes et faire en sorte que leurs soient mieux respectés, l’Institut Panos Afrique de l’ouest (IPAO) a organisé un atelier de formation des journalistes du 18 au 20 octobre 2017 à Abidjan. Et ce, dans le cadre de son projet « Femmes, occupez les médias ».
Le poids démographique des femmes est incontestable : 48,3% de la population ivoirienne selon le dernier recensement de 2014. Mais leur représentativité politique, leur présence dans les sphères de prises de décisions et leur participation à la gouvernance locale restent faibles. Et ce, malgré la ratification de plusieurs conventions et traités internationaux et l’adoption d’une constitution qui prévoit la promotion des droits politiques de la femme et ses chances d’accès à la représentation dans les assemblées élues, aux responsabilités dans les institutions et administrations publiques. Les chiffres sont édifiants : la Côte d’Ivoire compte 6 femmes ministres sur 30 (20%), 29 députées sur 255 (11,3%), 10 maires élues sur 197 (5%), une femme présidente de Conseil régional sur 31 (3,2%), 9 femmes préfets sur 73 (12,3%), 80 femmes sous-préfets sur 466 (17,1%)…
Pour Kaba Fofana Yaya Fanta, Secrétaire exécutive de l’Observatoire national de l’équité et du genre (ONEG), « la Côte d’Ivoire est l’un des rares pays en Afrique à n’avoir pas de lois ni sur le quota ni sur la parité ». « Le constat est fait que les pays qui ont remonté leur taux de présence dans les sphères de prise de décisions, surtout dans les Assemblées élues, ont bénéficié d’une telle loi », a-t-elle indiqué mercredi 18 octobre lors de son exposé sur l’état des lieux de la participation politique des femmes en Côte d’Ivoire. C’était à l’ouverture de l’atelier de sensibilisation des rédacteurs en chef et de formation des journalistes en Côte d’Ivoire pour une meilleure couverture de la participation politique organisée par l’Institut Panos Afrique de l’ouest dans le cadre de son projet « Femmes, occupez les médias ».
Brigith Gbadi, sociologue et consultante en Genre et violences basées sur le genre, note qu’une étude qui vient d’être réalisée montre que « les femmes représentent à peu près 60% des membres des partis politiques », mais « au niveau des postes de décisions, elles sont autour de 20% ». C’est pourquoi Madame Kaba Fofana pense qu’il faut tenir compte des spécificités de la femme dans les programmes et projets de développement afin que ceux-ci soient efficaces. « C’est pour cela que les femmes doivent être là où on vote les lois, c’est pour cela que les femmes doivent être dans les hautes sphères de l’administration… », estime la Secrétaire exécutive de l’Observatoire national de l’équité et du genre. Qui souligne qu’il existe un Compendium des compétences féminines « pour battre en brèche l’argument selon lequel on ne sait pas où trouver les femmes compétentes dont on pouvait faire la promotion ».
Elle observe que «la presse a un grand rôle à jouer » pour promotion des droits des femmes et la promotion du genre. Lors de cette formation de trois jours, les journalistes ont été instruis sur les actions de terrain et les initiatives menées pour améliorer la participation et la représentativité des femmes ainsi que sur les obstacles qui freinent l’émergence des femmes dans les sphères de prise de décisions. A cet effet, la présidente de l’Organisation des femmes actives de Côte d’Ivoire (Ofaci) Doumbia Fanta, la présidente du Centre féminin pour la démocratie et les droits humains en Côte d’Ivoire (Cefci) Julie Koné, la présidente du Réseau ivoirien des jeunes leaders pour l’intégrité (Rijli) Nathalie Soro, ou encore le sociologue Rodrigue Koné, ont partagé leurs initiatives et expériences avec les journalistes.
Cette interaction entre les organisations de la société civile et les médias vise à « faire en sorte que les droits des femmes soient mieux respectés et que les lois changent », assure Tidiane Kassé, chargé de programmes à l’Institut Panos Afrique de l’ouest à Dakar au Sénégal, présent à Abidjan pour cette formation. Le projet « Femmes, occupez les médias » va s’étendre sur quatre ans. « On souhaiterait qu’au terme de l’activité, que les choses changent en terme de visibilité des femmes, en terme de rendu de leurs activités et que la situation des femmes sur la participation politique comme sur les violences qui leur faites, leurs droits qui sont bafoués, les médias en fassent un sujet sur lequel ils pourront travailler et bien travailler ».
Anderson Diédri

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