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L’opposition ne reconnaîtra pas le Sénat qui sera installé le 24 mars

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Alors que le gouvernement maintient les élections sénatoriales pour ce 24 mars, l’opposition s’est rendue ce jeudi 22 mars à la Commission électorale indépendante pour contester la tenue de ce scrutin.

Le dispositif sécuritaire était renforcé. Devant le siège de la Commission électorale indépendante (CEI) à Cocody Deux-Plateaux, plusieurs policiers et gendarmes étaient positionnés. Les environs étaient également bouclés. Malgré tout, les militants de l’opposition s’étaient attroupés devant l’organe en charge des élections en Côte d’Ivoire ce matin.

L’opposition indique avoir informé le ministère de l’intérieur

La raison ? 17 partis politiques de l’opposition ont décidé de se rendre à la CEI pour protester contre l’organisation des élections sénatoriales ce samedi 24 mars 2018 alors que les conditions d’un scrutin crédibles et inclusif ne sont pas réunions.

En l’absence du président de la Commission électorale Youssouf Bakayoko, le président du Front populaire ivoirien (FPI) Pascal Affi N’Guessan et ses camarades ont remis leur « résolution » à son directeur de cabinet. Après avoir lu ce document devant leur interlocuteur, l’ancien Premier ministre sous Laurent Gbagbo s’est adressé 12 heures à la presse qui attendait dehors. Le message est clair : il faut reporter ces élections sinon les résultats ne sont pas reconnus.

« Nous avons décidé de ne pas reconnaître les résultats de ces élections, de ne pas reconnaître le Sénat qui sera mis en place si ces élections ont eu lieu. Nous avons interpellé le gouvernement parce que nous allons saisir toutes les instances internationales de manière à ce que ce Sénat ne soit pas reconnu par la communauté internationale », prévient celui qui est aujourd’hui député de Bongouanou.

« Nous avons bon espoir que le message que nous avons transmis sera entendu et que le chef de l’Etat fera à la Côte d’Ivoire l’économie de nouveaux affrontements. Puisque dans tous les cas, si ce Sénat est mis en place, si ces élections ont eu lieu, ça veut dire qu’on nous demande de rester mobiliser, de rester dans la lutte jusqu’à ce qu’une nouvelle CEI soit mise en place, jusqu’à ce qu’un nouveau Sénat soit mis en place », met-il en garde.

L’opposition estime que les conditions ne sont pas réunies pour aller à ces élections. Elle exige les réformes nécessaires avant d’y aller. Pour Pascal Affi N’Guessan, l’opposition souhaite « une CEI consensuelle qui ne soit pas l’objet de polémique et qu’après avoir adopté une telle CEI, nous puissions mettre en place un Sénat conformément à la constitution et un sénat inclusif dans lequel pourront siéger les représentant de l’opposition ».

« Alors qu’à l’heure actuelle, dans la démarche solitaire et anticonstitutionnelle empruntée par le chef de l’Etat, l’opposition sera totalement absente du Sénat, et donc ça sera un Sénat monocolore, un Sénat qui ne sera pas représentatif des différents courants d’opinion qu’on risque d’imposer à la Côte d’Ivoire. Et cela, nous ne le voulons pas, nous le refusons », insiste-t-il.

Deux journalistes interpellés

Affi N’Guessan interpelle également la communauté internationale. Car, exprime-t-il, « les violations auxquelles le chef de l’Etat s’adonne vis-à-vis de la constitution sont flagrantes, sont scandaleuses et je ne vois pas un seul pays démocratique qui peut soutenir ce que Alassane Ouattara fait en Côte d’Ivoire en matière de respect des droits de l’homme et de la démocratie ».

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Sénatoriales : l’opposition appelle à une marche

Alors que l’article 90 de la constitution prévoit une loi organique pour la mise en place de la deuxième chambre du Parlement, le président Ouattara a utilisé une ordonnance. Ce que l’opposition juge inacceptable. Kané Soumaïla, Secrétaire national à la mobilisation, à l’organisation et à l’implantation du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage (RPP), parti membre de cette plateforme de l’opposition, réclame un « report » de ce scrutin :

« Pour les élections sénatoriales, les conditions ne sont pas réunies. Les textes n’ont pas été respectées ».

Lors de ce rassemblement, deux journalistes ont été interpellés. Il s’agit de Landry Beugré du quotidien L’Intelligent d’Abidjan. Il a été détenu au commissariat du 12èmearrondissement de Cocody avant d’être remis en liberté. Quant à Daouda Coulibaly, journaliste et bloggeur, il a été bastonné, roué de coups de matraque par la police.

« Ils m’ont trainé par terre », a-t-il témoigné lorsqu’il a été remis en liberté peu après 12 heures. Il a perdu ses pièces d’identité et de l’argent. Daouda Coulibaly s’est fait établir au 12èmearrondissement un certificat de perte qui lui a été remis à 12 heures 45. Quant à la plainte qu’il voulait déposer, les policiers lui ont demandé de s’adresser au procureur de la république.

Anderson Diédri

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