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Il n’y aura pas de tendances indépendantes lors du référendum (POECI)

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A la veille du référendum sur la nouvelle Constitution, la Plateforme de la société civile pour l’observation des élections en Côte d’Ivoire (POECI) regrette quelques faiblesses.

Il n’y aura pas de tendances indépendantes concernant le taux de participation du référendum constitutionnel en Côte d’Ivoire. Le taux de participation reste l’enjeu majeur de ce scrutin prévu ce dimanche 30 octobre. Ce samedi 29 octobre 2016, lors de l’ouverture de son quartier général et de sa plateforme technologique installés à l’hôtel Ibis au Plateau, la Plateforme de la société civile pour l’observation des élections en Côte d’Ivoire (POECI) a regretté cette situation. Le comptage rapide des voix (PVT) qui avait permis d’avoir des tendances des résultats du scrutin lors des élections présidentielles d’octobre 2015 ne sera pas reconduit pour le référendum constitutionnel.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on vous dit qu’on ne pourra pas faire de PVT. Nous ne sommes pas contents qu’on ne puisse pas faire de PVT » explique Bamba Sindou, coordonnateur général de la POECI.

Le coordonnateur général de la POECI évoque notamment un problème financier.

« Pour faire un PVT, il faut réunir des fonds. Et le processus que nous menons aujourd’hui (le PVT, ndlr) est un processus qui a été rédigé il y a deux ans. Il n’y avait pas de référendum prévu dans le programme il y a deux ans ! Ce n’est qu’en juillet que le processus a pris une vitesse. Il faut mobiliser des fonds. On ne peut pas mobiliser 300 millions en moins de deux ou trois mois pour qu’on puisse exécuter un PVT. De juillet à aujourd’hui, il y a des préparatifs : il faut former tous les observateurs, il faut les recruter, il faut faire un échantillonnage », justifie-t-il.

La réforme constitutionnelle, voulue par le chef de l’Etat Alassane Ouattara, a été si accélérée qu’elle a pris de court tous les acteurs engagés dans la vie de la nation ivoirienne notamment au plan politique.

La POECI n’est tout de même pas découragée. Elle entend conduire très prochainement quatre (4) PVT pour les législatives prévues d’ici décembre prochain. L’un sera conduit à l’échelle national et trois dans différentes circonscriptions électorales. Les actions visant à mener à bien les prochains PVT sont déjà lancées. Les partenaires sont plus disposés à s’engager dans une initiative clairement programmée et connue de tous. Ce qui n’est pas le cas pour le référendum de ce dimanche. La précipitation dans laquelle le processus a été conduit n’a pas permis à la POECI de mobiliser des fonds.

« Nous sommes au regret de ne pas pouvoir nous prononcer sur le référendum comme on l’aurait souhaité avec un PVT » se désole Bamba Sindou.

Contrairement aux élections présidentielles de 2015, la POECI qui réunit plusieurs organisations de la société civile ivoirienne ne fournira pas de tendances sur les résultats du référendum ainsi que le taux de participation afin de les confronter à ceux de la Commission électorale indépendante (CEI). Drissa Soulama, vice-président de la POECI, explique que par le passé la plateforme faisait le PVT sur la base d’un échantillonnage aléatoire mais représentatif. Ce qui veut dire que les résultats des bureaux de vote observés permettent à la POECI de dégager les tendances et de faire des projections. Cependant dans le cas précis du référendum, la POECI ne pourra pas se livrer à cet exercice visant à garantir la transparence du scrutin par des méthodes indépendantes.

« Ce que nous allons faire, c’est que nous allons tenir compte des observations que nos observateurs vont recueillir dans les bureaux où ils seront installés. Nous ne pourrons pas par exemple donner une position sur un taux de participation car c’est le PVT qui nous permet de donner des tendances » conclu Drissa Soulama.

Une observation classique ne permet pas de donner des tendances sur le taux de participation renchérit Dr Marie Paule Kojo, porte-parole de cette Plateforme. La POECI fera donc une observation classique pour le référendum grâce à 163 coordonnatrices et coordonnateurs déployés dans les 121 départements y compris le district de Yamoussoukro et les 13 communes d’Abidjan. Dans ces différents bureaux où les observateurs de la POECI seront déployés, ceux-ci pourront faire remonter des informations comme l’heure d’ouverture ou de fermeture des bureaux, les incidents qui pourraient émailler le vote et voir les résultats dans le bureau de vote. Cependant la POECI ne pourra pas se prononcer sur le verdict des urnes au plan national.

« Quand vous prenez un département, si vous avez un observateur qui fait deux bureaux de vote dans un département qui peut en compter 100, vous ne pouvez pas utiliser le résultat de ces deux bureaux de vote pour le généraliser au département », précise Bamba Sindou.

Le referendum de ce 30 octobre se fera donc sans un mécanisme de monitoring (PVT) qui avait pourtant fait ses preuves lors de l’élection présidentielle.

Anderson Diédri

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