L'actualité ivoirienne sans coloration politique

Un officier français dézingue l’armée ivoirienne

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Dans son bulletin d’informations Nouvelles de Côte d’Ivoire n°50 (avril-mai-juin 2017) que l’Ambassade de France à Abidjan vient de publier ce mardi 13 juin, l’attaché de défense auprès de l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire depuis 2015, le colonel Xavier Lafargue, relève les faiblesses structurelles de l’armée ivoirienne.

La basique discipline militaire qui règne dans les armées du monde peine à s’établir en Côte d’Ivoire. Le professionnalisme manque cruellement aux soldats. Ce qui agace les partenaires du pays qui exprime de plus en plus ouvertement leur inquiétude. Dans un entretien publié dans la revue trimestrielle d’informations de l’Ambassade de France à Abidjan, le colonel Xavier Lafargue tire à boulets rouges sur l’armée ivoirienne.

Il estime que les efforts déployés par l’hexagone depuis plusieurs années pour rendre les soldats ivoiriens plus professionnels sont quasiment restés vain.

« La coopération défense vise à transformer les armées de Côte d’Ivoire pour que celles-ci atteignent les standards d’une armée moderne, républicaine, bien équipée, taillée à la juste suffisance et capable d’intervenir en opération extérieure. Les événements récents [les mutineries] nous ont démontré que l’objectif est loin d’être atteint… », juge-t-il.

L’attaché de défense auprès de l’ambassade de France en Côte d’Ivoire en poste depuis 2015 jette une pierre dans le jardin des autorités ivoiriennes qui ont intégrés dans l’armée officielle depuis 2011 – date de l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir – des milliers de soldats peu formés issus de l’ex-rébellion de Guillaume Soro.

« Malheureusement, je porte un regard plus sombre que celui que je portais il y a un an. Il est vrai que j’étais plutôt optimiste à mon arrivée. J’avais de toute façon le devoir d’y croire. Les mutineries ont démontré que l’armée ivoirienne a des maux internes bien plus profonds que ce que j’avais estimé. D’ailleurs, je crois que les ivoiriens se réveillent avec la gueule de bois car ils en ont fait eux aussi l’amer constat… », tance sévèrement le colonel Xavier Lafargue.

Cet officier, issu de la prestigieuse école militaire de Saint Cyr et qui a servi dans les forces spéciales françaises, constate qu’il y a trop de « dissensions » entre les hommes. Abidjan a donc besoin de temps pour « réconcilier » son armée et la rendre plus performante. Sa conclusion est claire : la Côte d’Ivoire ne peut pour l’instant pas se passer de la coopération défense qui prendra quelques années encore.

« La Côte d’Ivoire a besoin de ressources financières pour inciter et accompagner certains militaires à rejoindre le civil et ainsi bâtir un modèle d’armée plus résilient. C’est à cette condition impérative de succès que tient un partenariat réellement efficace. Sans ce prérequis, la coopération de défense est menacée de toujours remplir le tonneau des danaïdes », prévient l’ancien commandant du 2ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine à La Réunion.

Selon lui, l’avenir de l’armée ivoirienne repose sur la rationalisation de ses effectifs. Le colonel Xavier Lafargue propose deux options : soit on arrive à faire partir décemment certains militaires, soit on attend pour encore 20 à 25 ans, le temps de la nouvelle génération.

« Nous devons inciter la Côte d’Ivoire à choisir la première option ».

En tout cas, depuis les mutineries de janvier dernier, la France a décidé d’intensifier sa coopération avec la Côte d’Ivoire. Deux coopérants vont arriver cet été pour s’ajouter à l’équipe déjà sur place. Le premier coopérant aura pour mission la formation, notamment celle des cadres de l’armée ivoirienne, afin de palier au déficit d’encadrement des bataillons. Le deuxième coopérant sera affecté à la Direction générale du renseignement de sécurité et de défense. Ce spécialiste du renseignement assistera le ministère de la Défense pour réformer son système de renseignement militaire.

« Nous avons en effet constaté que la Côte d’Ivoire ne l’exploitait pas de manière optimale, ce qui explique son incapacité à anticiper les menaces », souligne l’officier.

Le système de défense de la Côte d’Ivoire prend de l’eau, la France s’incruste.

Ebony T. Christian

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