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Pour une jeunesse africaine sans terrorisme

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En dépit des ‘coups’ qu’ils prennent et de leurs revers militaires, les groupes terroristes en Afrique de l’ouest refusent de jeter l’éponge. Des attaques et attentats sans fin qui doivent obliger les dirigeants des pays africains à s’attaquer aux racines profondes du mal.

Chaque bombe qui explose, chaque rafale de kalachnikov qui fauche des vies, chaque grenade qui est lancée sur une terrasse ou dans un hôtel pour tuer des innocents est une nouvelle victoire célébrée par les terroristes dans une partie du monde.

Des vidéos de propagande à la gloire des auteurs de ces crimes crapuleux sont publiées via les réseaux sociaux. Des communiqués et des photos sont également envoyés aux organes de presse avec l’identité réelle de ces héros d’un genre particulier. Ce qui frappe à la vue des photos de ces combattants d’Allah – comme les appellent leurs mentors – c’est surtout la fraicheur de leurs visages.

La majorité des terroristes, véritables kamikazes ou volontaires au suicide, sont des jeunes. AQMI, Boko Haram, Al mourabitoune et les autres gangs dirigés par les émirs du crime recrutent majoritairement des jeunes.

Terrorisme : l’Afrique de l’ouest entre déradicalisation et lutte armée

La jeunesse africaine, une proie facile pour les terroristes en raison de la situation de précarité sévère dans laquelle elle évolue. Chômage, manque de repères socio-politiques sérieux, discrimination basée sur l’ethnie ou l’appartenance religieuse sont autant de problèmes que ces jeunes vivent. Véritables laissés pour compte dans de nombreux pays, certains jeunes ne trouvent d’alternative que dans la promotion du crime.

Les plus audacieux n’hésitent pas à rejoindre les groupes armés qui pullulent sur le continent ou de plus en plus aujourd’hui à rejoindre les groupes terroristes. Ce choix, quoi qu’on le dise est dicté par la pauvreté. Les cas de recrutement forcés étant rares, il est important de se tourner vers les arguments avancés par Bel Mocktar, Abubakar Shékau et les autres barons du terrorisme en Afrique de l’ouest pour appâter les jeunes.

Les groupes terroristes comme les organisations mafieuses sont des conglomérats du crime très prospères qui peuvent s’offrir les services de n’importe qui. Du chimiste expert des explosifs au jeune chômeur dans un quartier pauvre de Bamako en passant par un militaire exilé, l’argent ne manque pas pour recruter et les chiffres le montrent.

La lutte contre le terrorisme mobilise plusieurs nations dans le sahel (Photo Getty/AFP)

En effet, le business dans le sahel aux mains des terroristes en 2013 et 2014 a procuré 3,5 milliards de dollar ! Une somme assez consistante qui peut aisément permettre aux groupes terroristes d’acheter armes, munitions et surtout de pouvoir recruter des jeunes.

Sensibilisation et emplois contre le terrorisme

Une étude de la Banque Mondiale publiée en 2009 souligne que 40% des jeunes qui rejoignent les rangs des groupes terroristes ou les rébellions le font pour des raisons sociales. Il est donc clair que la lutte contre le terrorisme ne peut pas seulement se limiter à un renforcement du potentiel militaire des pays menacés et/ou touchés. La réponse au terrorisme est aussi sociale notamment sur la question de l’implication des jeunes dans cette entreprise criminelle.

Il faut impérativement trouver des débouchés socio-économiques à la jeunesse pour assurer son bien-être car l’oisiveté est mère de tous les vices. Il serait difficile de croire qu’un jeune entrepreneur, fonctionnaire d’Etat, promoteur d’une PME et qui nourrit une famille puisse tourner le dos à son gagne-pain pour être volontaire au djihâd ! Plus que jamais, les programmes de promotion de l’entreprenariat jeune, la valorisation du recrutement des 18 à 35 ans, les lignes budgétaires dédiés à la jeunesse pour sa formation et son éducation citoyenne doivent être renforcés.

Attentats de Grand-Bassam : où en est l’enquête ?

Si les Etats africains ne s’engagent pas sur cette voie, il y a de forte chance que la situation s’empire dans les années avenirs. En effet, la Fondation Koffi Annan estime que lors de la prochaine décennie, 11 millions de jeunes demandeurs d’emploi seront enregistrés sur le continent chaque année. En d’autre terme, de 2017 à 2027, 110 millions de jeunes africains seront présents sur le marché de l’emploi !

Il faudra occuper ces jeunes au risque de les voir rejoindre les rangs des groupes terroristes. Car comme disait le politologue camerounais Achille Mbembe, « faire la guerre devient un travail comme les autres dans tous nos pays » africains ! Si les jeunes africains ne trouvent pas des emplois honnêtes rémunérés, ils iront voir ce que le crime peut offrir. En effet, les dollars du terrorisme ne sont pas marqués du sceau d’Al Qaeda. Ils peuvent servir à louer un appartement, à acheter de la nourriture ou un bien quelconque.

L’Afrique ne peut pas s’inscrire dans un perpétuel et sempiternel élan de sensibilisation contre le terrorisme. Il est temps que les dirigeants africains s’asseyent avec leur jeunesse pour trouver ensemble des solutions durables à la question du terrorisme. Les jeunes sont les premières victimes du terrorisme et leurs avis comptent dans le vaste mouvement de lutte contre ce fléau sécuritaire.

SUY Kahofi

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