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Risque de tension dans les forêts classées du Cavally

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L’évacuation des forêts classées, occupées illégalement depuis plusieurs années, risque de déboucher sur des tensions sécuritaires, sanitaires et scolaires. La région du Cavally est une zone à haut risque s’inquiète le RAIDH.

Si le gouvernement ivoirien ne prend pas les dispositions pour planifier l’évacuation des personnes infiltrées dans les forêts classées de Sio et de Goin-Débé qu’il a prévu de mettre en œuvre, le 31 décembre 2017 ; de graves menaces de nature sécuritaire, sanitaire et scolaire pourraient déstabiliser la région du Cavally. C’est la substance du message du Regroupement des acteurs ivoiriens des droits de l’Homme (RAIDH) au gouvernement rendu public le 29 juin dernier.

Cette inquiétude a été partagé avec les acteurs de la presse à l’occasion d’une conférence de présentation d’un rapport d’alerte de l’organisation sur la préservation du couvert forestier et le respect des droits des personnes infiltrées dans les forêts classées du Cavally. Le Coordinateur général du RAIDH, Bamba Sindou a expliqué comment l’expulsion des occupants des forêts classées pourrait favoriser ces différentes menaces.

De prime abord, il a fait savoir que l’activité des personnes vivantes dans les forêts classées est très importante, au point que certains parmi eux « sont prêts à résister » si le pouvoir décide de leur évacuation ! Il y a donc clairement des risques sécuritaires et par ricochet de probables affrontements qui pourraient surgir lors des opérations d’expulsion. Il faudra donc selon Bamba Sindou, que le gouvernement tienne compte de ces réalités pour engager cette opération au risque de se retrouver face à une situation intenable.

Coordinateur général du RAIDH a fait savoir par la suite que si les dispositions ne sont pas prises par les autorités compétentes pour préparer en infrastructures, l’arrivée des personnes déguerpis dans leurs localités d’accueil, des risques sanitaires guetteront des centaines de personnes quand des enfants seront à risque de déscolarisation après leur départ des forêts classées de la région du Cavally.

Pour illustrer sa thèse, Bamba Sindou a expliqué que par exemple, dans un village où la population pourrait doubler voire tripler suite à l’arrivée des personnes déguerpies. La pompe du village pourrait ne plus être à même de satisfaire la demande devenue croissante en eau. Par conséquent, cette situation obligerait les villageois à aller vers des sources d’eau naturelle pour s’approvisionner s’exposant ainsi à des maladies diarrhéiques comme le choléra.

Par ailleurs, après avoir indiqué que plus de 3.000 élèves avaient été recensées dans des forêts classées qui abritaient « étonnement des écoles construites récemment notamment sur financement du Programme présidentiel d’urgence (PPU) ». Le coordinateur du RAIDH a conclu que l’expulsion nécessiterait la construction de salles de classes dans leur zone d’accueil pour ne pas entacher leur cursus scolaire.

L’occupation illégale de la forêt peut conduire à des tensions inter-communautaires

Le coordinateur a déploré que les évacuations du Parc national de Taï n’avaient pas prises en comptes ses mesures de précaution occasionnant certaines de ces menaces que les acteurs du RAIDH ont pu observer durant leur mission dans la région du Cavally. Pour ne pas que cette région soit confrontée aux mêmes menaces pour les futures évacuations, l’une des recommandations majeures du RAIDH requièrent que les autorités impliquées dans ce processus d’évacuations des forêts classées obtiennent avant toute action, l’adhésion de toutes les populations des villages environnants qui seront impactées d’une manière ou d’une autre par cette opération.

Le Chargé des programmes du RAIDH, Souleymane Fofana a indiqué à ce titre, que « les évacuations sous contraintes, sans consultation ni participation des communautés villageoises riveraines violent le droit international des droits de l’Homme et met en péril la cohésion intercommunautaire ». Il a donc rappelé au gouvernement, que même s’il est « soucieux certes de la préservation de la biodiversité et la conservation de l’écosystème, il doit savoir que toute évacuation quelle que soit sa nature doit respecter les normes internationales dont l’Etat de Côte d’Ivoire est partie signataire ».

Il faut noter que c’est depuis juillet 2016 que le gouvernement a décidé d’évacuer les occupants des domaines forestiers. Depuis lors, le RAIDH a pris l’initiative de documenter la situation des droits de l’Homme qui prévaut dans les régions concernées par cette décision du gouvernement. Ce rapport d’alerte présenté à la presse est le deuxième que produit le RAIDH. L’organisation a déploré durant la mission qui a permis d’élaborer ce rapport, une faible collaboration des agents des eaux et forêts.

Alain P. Ahimou

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