L'actualité ivoirienne sans coloration politique

Sur la crise au Soudan

Par Éric-Aimé SEMIEN

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La crise au Soudan n’a vraiment rien d’amusant et ne saurait se limiter à de simples rivalités entre les généraux Hemetti et Al Burhan, comme tendent à le faire croire une certaine opinion.

J’y vois en filigrane la transposition et un terrain d’expérimentation (à moindre coût) de la guerre russo-occidentale. En effet, les mêmes protagonistes de ce conflit russo-occidental se retrouvent au Soudan, dans la même gamme de jeux d’intérêts, se bandent les muscles et se confrontent sur le territoire soudanais. Que font les USA, la France, la Russie, L’Arabie Saoudite, L’Égypte, si directement dans un conflit interne à un pays africain, ignorant même l’Union Africaine ? L’union africaine, ah l’union africaine, passée maîtresse dans l’omerta lorsque des conflits semblent avoir un niveau assez élevé.

Allant plus loin, il est toujours difficile à un Etat de se relever après 30 ans de dictature et de personnalisation du pouvoir. L’état personnalisé et déstructuré laissé par El Bechir peine à retrouver ses marques. L’identité du Soudan a longtemps collé à la personne de El Bechir et sa chute a aussi été celle des institutions qu’il a mise à mise en place. Le Soudan est donc, depuis 2019, à l’épreuve de la mise en place d’institutions républicaines, tout comme la plupart des États Africains qui ont connu de longues périodes de dictature (Burkina Faso, Gambie, Lybie).

Si on y prend garde, le Soudan sera pour l’Afrique centrale et de l’est ce que la Lybie post Kadafi est devenue pour l’Afrique de l’Ouest, c’est à dire une poudrière, une base arrière pour le terrorisme et la circulation d’armes. Et des pays sécuritairement instables et/ou déstructurés ou faillis, comme la RCA, le Tchad, l’Éthiopie, le Soudan du Sud sont vulnérables. L’Ouganda donne des signes de frayeur, la Somalie, coutumière de ces situations, n’est pas loin. Les épisodes de guerre interminables à L’est de la RDC trouvent leurs affluents dans la prolifération des armes dans le voisinage en conflit.

C’est un conflit mal géré qui en appelle plusieurs autres. C’est un Etat déstructuré qui en contamine plusieurs autres par effet boule de neige. L’Afrique doit réagir…avant qu’il ne soit trop tard. L’Union Africaine a l’opportunité de montrer un nouveau leadership sur le continent, ou de confirmer sa sempiternelle léthargie sur les problèmes Africains.

Libre pensée.

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