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VIH en Afrique : de la fatalité à l’espoir

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Depuis la découverte du VIH – responsable du SIDA – autour des années 80, les pays africains ce sont engagés à lutter contre une maladie qui est devenue très vite une pandémie. Plus de 30 ans après l’exploit de la communauté scientifique pour isoler le virus, triste est de constater que l’Afrique est toujours le continent le plus touché par le SIDA. Malgré cette situation, l’Afrique reste un bel exemple de lutte contre le VIH.

Comme la lèpre, le SIDA est devenue la maladie de la honte en Afrique ces 30 dernières années. Pendant longtemps, être porteur du VIH était synonyme d’abandon et de rejet au sein de sa communauté et de sa propre famille. Nombreux sont les malades qui ont perdu leurs emplois, leurs épouses ou époux et même leurs moyens de subsistance à cause du SIDA. Le collègue a qui on refuse d’adresser la parole parce que malade, la commerçante chez qui on refuse d’acheter des légumes parce que soupçonnée d’avoir le SIDA ou l’enfant banni des espaces de jeux parce qu’ayant un parent décédé après avoir perdu du poids ont été pendant longtemps les seules réalités liées au VIH en Afrique.

Cependant, au fil des années l’Afrique a su se dresser contre le VIH. Plusieurs pays se sont dotés de programmes nationaux de lutte contre la maladie et ont engagé des moyens considérables pour faire face à cette pandémie. Plusieurs milliards de f CFA ont été déboursés pour financer les campagnes de sensibilisation, subventionner les moyens de protection comme le préservatif ou encore la prise en charge des malades en facilitant l’accès aux ARV. Au-delà du financement, la plus grande avancée face à la maladie sur le continent est le changement de comportement de la part d’une frange non négligeable d’africain notamment les jeunes.

Faire son test de dépistage devient un réflexe, l’utilisation du préservatif est en hausse sans oublier le regard sur les malades qui est passé de la stigmatisation poussée à une ‘acceptation’ dans plusieurs communautés où les malades ne sont plus des parias. Si à l’origine le SIDA était pour de nombreux africains une Simple Information pour Décourager les Amoureux, elle est aujourd’hui une maladie dont on prend conscience, dont on peut se protéger et même se soigner. L’Afrique en 2017 c’est plus de 25 millions de personnes vivant avec le SIDA mais une maladie qui tue de moins en moins grâce aux progrès de la médecine.

« Aujourd’hui beaucoup moins de décès liés au SIDA » sont enregistrés « moins d’infections et de meilleurs taux de couverture en termes d’accès au traitement, que par le passé » indique Mabingue Ngom, Directeur Régional du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. A titre d’exemple, en 2016 en Afrique de l’Ouest et centrale, 6,1 millions de personnes vivaient avec le VIH dont 56 % sont des femmes. Près de 370.000 nouvelles infections sont détectées, mais elles ont diminué de 9 % entre 2010 et 2016. À noter, 310.000 personnes sont mortes de maladies liées au SIDA en 2016, bien que le nombre de décès a diminué de 21 %. Il y avait 60.000 nouvelles infections par le VIH chez les enfants d’Afrique de l’Ouest et centrale en 2016, un chiffre en diminution avec 33 % de nouvelles infections en moins.

« Ces progrès concernent aussi l’Afrique » tout entière « même si les pays sont toujours confrontés à des défis redoutables » fait remarquer Mabingue Ngom. Parmi ces défis, la prévention du VIH à l’intention de groupe cible comme les adolescents et les jeunes femmes. Selon Michel Sidibé, directeur exécutif d’ONUSIDA « le taux d’infection des adolescents mariés est supérieur de 50% à ceux de leurs pairs non mariés ». Un paradoxe dans de nombreuses cultures africaines où l’on pense être à l’abri d’une infection en étant marié et fidèle à son partenaire. En réalité, les mariages précoces, le lévirat et le sororat contribuent à accentuer le risque d’infection à un âge où les jeunes deviennent sexuellement actifs. En effet, dans certains pays d’Afrique de l’Est, les filles âgées de 15 à 19 ans représentent 74% des nouvelles infections chez les adolescents. Ce chiffre s’élève à 90% en Afrique australe et à 60% en Afrique de l’Ouest !

Il faut donc agir « différemment pour protéger la jeune génération » estime Michel Sidibé. « Agir différemment » implique donc une nouvelle approche dans la lutte et la prévention. La sensibilisation doit se faire de plus en plus dans le cercle familial suggère Amandine Bollinger, spécialiste du VIH au sein du bureau Afrique de l’ouest et central de l’UNICEF. « Toucher les mamans, toucher les grand-mères pour faire du sexe quelque chose qui ne soit plus tabou mais quelque chose dont on parle dans la famille. Inclure les papas dans tout ce qui est lutte contre le VIH et même d’une manière générale tout ce qui est le droit des filles ». A cela s’ajoute le renforcement des programmes scolaires dédiés à l’éducation sexuelle.

La mise en œuvre de toute nouvelle orientation dans la lutte contre le SIDA implique de facto le respect des engagements pris par les Gouvernements africains. Seul le respect des engagements pris par les décideurs africains et la communauté internationale permettra d’aboutir à de meilleurs résultats dans la lutte contre le VIH-SIDA. « Les engagements des Etats et la communauté internationale font espérer à la fin de l’épidémie en 2030 » ce qui fait dire à Mabingue Ngom que « la victoire – sur le SIDA – est à notre portée ». Cependant, le Directeur régional du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre tient à souligner que seules des actions concrètes sur le terrain permettront d’atteindre les objectifs d’élimination du VIH-SIDA. Moins de bureaucratie pour plus d’action, c’est sans doute ce qui motive les travaux de la 19ème Conférence Internationale sur le SIDA et les Maladies Sexuellement Transmissibles (ICASA) prévue pour s’achever le 09 décembre 2017.

SUY Kahofi

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