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Le riz coûte 7 milliards par an à l’Afrique

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L’Afrique dépense 7 milliards de dollars par an pour ses importations de riz. Un montant élevé quand on sait que le continent dispose de tous les atouts pour booster son industrie rizicole.

14.000 kg, voici la quantité de riz consommée à travers le monde chaque seconde, ce qui représente un total de 468 millions de tonnes par an selon l’USDA (United States Department of Agriculture). Le riz est la 2ème céréale alimentaire la plus cultivée au monde, avec un volume annuel qui atteignait 410 milliards de tonne à la fin du 20ème siècle.

La production de riz est supérieure à la consommation depuis 2004, ce qui permet de renforcer les stocks de riz disponibles. Il y a 120 millions de cultivateurs de riz sur la planète qui produisent le riz que mangent 3,5 milliards de personnes dans le monde. Quand bien même la tendance mondiale est à l’auto-suffisance, l’Afrique reste largement tributaire des importations. On mange plus de riz en Afrique qu’on en produit !

« Malgré une hausse de la production rizicole, l’Afrique importe chaque année près de 24 millions de tonnes (…) d’un coût de sept milliards de dollars » déplore Harold Roy-Macauley, directeur général d’Africa-Rice.

Africa-Rice est une organisation inter-gouvernementale regroupant 26 pays d’Afrique de l’Ouest, du centre et de l’Est.

A ce jour, l’Egypte est le seul pays en Afrique qui est autosuffisant en riz. La Côte d’Ivoire l’est à 50%, Madagascar entre 70 et 75%. Le Nigeria est le plus gros importateur de riz d’Afrique (8 à 900.000 tonnes pour ses besoins intérieurs) et paradoxalement l’un des plus importants producteurs. Pourtant l’Afrique est « dotée d’un grand potentiel de production » fait remarquer Roy-Macauley.

Les pays producteurs de riz bénéficient d’une excellente pluviométrie, de cours d’eau permanents et saisonniers qui irriguent plusieurs hectares de terre sans oublier des conditions climatiques favorables à la culture de différentes variétés de riz. De vastes basfonds sont encore sous-exploités malgré la maitrise des techniques agricoles par les producteurs souvent regroupés en coopératives. A cela s’ajoute un effort des gouvernements pour l’accompagnement au niveau de la recherche pour l’amélioration des semences et l’accès aux intrants de qualité.

En dépit de tous ces acquis un important problème reste à résoudre pour rendre possible l’auto-suffisance en riz sur le continent. Il s’agit de la question du financement de la production notamment pour les petits producteurs, qui partagent leur production entre consommation familiale et vente des excédents sur les marchés locaux. Pour aider ceux-ci, Africa-Rice veut faciliter l’accès au marché et aux crédits bancaires.

« Ici les paysans n’ont pas accès aux financements, or il faut que les gens soient indépendants pour travailler avec le secteur privé. Il faut rendre les paysans hommes d’affaires et les rendre crédibles auprès des banques », a plaidé Roy-Macauley.

L’agriculture en Afrique subsaharienne reste le moteur de la croissance de la majorité des pays. Autant dire que les Objectifs de développement durable (ODD) concernant la pauvreté et la faim passeront par l’augmentation de la productivité du travail des petits exploitants agricoles. Ils seront à même de garantir leur propre consommation et s’assurer des revenus additionnels pour couvrir d’autres besoins liés à la santé ou l’éducation.

« 70% des pauvres vivent en zone rurale. Et vu les croissances démographiques attendues d’ici 2030, la productivité agricole devra doubler. Et elle devra encore doubler entre 2030 et 2050 » affirme Patrick Houben, responsable Développement rural et Ressources naturelles au sein de la délégation de l’Union Européenne en Côte d’Ivoire.

L’Union Européenne reste convaincu que l’amélioration des conditions de production du monde rural peut être un puissant levier de développement local et national pour les pays africains. Et en ce qui concerne le développement de la riziculture, l’UE soutient financièrement Africa-Rice depuis des années.

« 230 millions d’euros ont été engagés depuis 2017 par l’UE dans des programmes de recherches agricoles dont fait partie Africa-Rice » a indiqué Patrick Houben.

Créé en 1971, Africa-Rice vise à stimuler la filière riz, à travers la recherche et la création de nouvelles variétés. Plus de 200 variétés de riz améliorées ont été homologuées ces 25 dernières années dont la plus connue est le NERICA (le nouveau riz pour l’Afrique). Le NERICA couvre aujourd’hui 1,7 million d’hectares et a permis de sortir 8 millions de personnes de la pauvreté dans 16 pays africains indique Africa-Rice.

SUY Kahofi

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